samedi 5 mai 2018

Soyons fous !

Il y a quelques années (disons… environ 7 ans), toute la joyeuse bande de flûtistes à bec de 2e cycle de l’antenne locale du conservatoire que je fréquentais alors s'attaquait à La Follia de Corelli, avec un nombre de variations proportionnel aux années de pratique. Étant donné qu’il s’agit d’un tube incontournable pour la flûte à bec et la musique occidentale en général, je ne prétendrai pas vous le faire découvrir mais peut-être re-découvrir.
Bon, je vous le dis franchement, on s'attaque à quelque chose de fourni, et on pourrait passer pas mal d'heures à écouter la foultitude de versions de ce tube qui déchire tout depuis le XVe siècle (je ne sais pas combien j'en ai écoutées pour écrire cet article mais je frôle un peu l'indigestion).

Ce thème archi-connu, l'un des plus anciens thèmes musicaux européens, aurait donc fait son apparition pour la première fois au Portugal au XVe siècle, la 
Folia étant alors une danse populaire bruyante et rapide. Cette musique de folie connaît ensuite un grand succès en Espagne, pour essaimer au cours des deux siècles suivants dans toute l'Europe sous le nom de Folies d'Espagne, sous une forme beaucoup moins effrénée.

C'est Lully qui les fait connaître en France vers 1670, initiant un engouement qui ne se démentira pas au fil des siècles. Un nombre incroyable de compositeurs, célébrissimes ou plus obscurs, vont s'y coller, soit sous formes de variations directement sur un thème bien stabilisé, soit s'en inspirant : Lully, François Couperin, Corelli, Marin Marais, Scarlatti, Vivaldi, Bach (Jean-Seb), Haendel, Carl Philip Emanuel Bach, Salieri, Paganini, Liszt, Rachmaninov... la liste est loin d'être exhaustive (il y en a au moins 150 !), et ça continue encore de nos jours !
Comme je suis gentille (si si), je vous en ai choisi un "petit échantillon" (pas si petit que ça d'ailleurs, c'est vraiment difficile de faire une sélection), pas forcément des plus connues. Vous pourrez toujours aller écouter les autres sur Youtube (rendez-vous ici dans un an ou deux).

Tout d'abord, puisque c'est celle dont je parlais en début d’article, voici l'interprétation que fait notre vieil ami Frans Brüggen de La Follia version Corelli (1653-1713) : léger, délicat, virevoltant et... virtuose.



D'autres variations pour la flûte à bec, de Paolo Benedetto Bellinzani (1619-1684) :


Une dernière version pour flûte à bec : celle de Tomaso Antonio Vitali (1663-1745), qui fait son intéressant en n'exposant le thème qu'après plusieurs variations (je ne vous dis pas quand, eh oh, où serait la surprise ?).

A tout seigneur tout honneur, écoutons maintenant ce qu'en a fait Giovanni Battista Lulli (1632-1687) (un peu pompeux, mais bon, c'est du Lully, on l'aime bien quand même) :


J'ai un faible pour la version de Michel Farinel (1649-1726) (et non, je ne suis pas une monomaniaque absolue de la flûte à bec) :



On ne peut quand même pas se priver de Marin Marais (1656-1728) (ni de Jordi Savall) ! 



Francesco Petrini (1744-1819), pour la harpe :

Pour les contemporains, j'ai choisi Gregorio Paniagua (né en 1944), sur instruments anciens :


Enfin, par curiosité, Karl Jenkins (né lui aussi en 1944), variations pour marimba et orchestre (les cordes sont vraiment trèèèès sirupeuses) (et c'est une spécialiste de la guimauve qui vous parle) :


Il paraît que le thème a aussi été utilisé par Vangelis pour la musique du film 1492 (Conquest of the Paradise), mais là mon oreille me lâche (la traîtresse) et j'avoue humblement que je ne parviens pas à reconnaître quoi que ce soit.


Quelques unes des vidéos présentées ci-dessus ont été mises sur youtube par Le Lutin d'Écouves, qui a réalisé un impressionnant travail sur la Folia : ici.

2 commentaires:

  1. Bonjour Léone! :) Très apprécié ces informations sur cette musique que je crois reconnaître pour l'avoir déjà entendu comme musique de film il me semble.. Je viens d'en connaître le titre grâce à votre billet. j'aime beaucoup la version Gregorio Panagia et celle avec le violoncelle, instrument que j'adore aussi. Bien sûr, la toute première si douce. Merci pour toutes ces recherches! :)

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