jeudi 7 février 2019

Blokfluitdagen 2018 - Jour 2 - Session 4

Pour cette dernière session de ces deux intenses journées, j'ai cédé à mes penchants naturels en optant pour Turlough O'Carolan (dont je vous ai déjà parlé ici et ici). 

Nous avons enchaîné trois pièces, et je dois dire que la fatigue commençait à se faire sentir pour tout le monde et que le résultat était un peu moins au point que lors des sessions précédentes. J'étais pour ma part placée entre deux charmantes flûtistes néerlandophones, toutes les trois à l'alto, et nous avions apparemment chacune une conception différente des rythmes à jouer. Nous nous sommes cependant toujours retrouvées sur les dernières notes 😉

La première des pièces est en fait une suite de trois airs, Three Airs for Bridget Cruise. Je ne me rappelle pas si nous avons joué les trois, mais je ne pense pas et en plus je n'en ai pas vraiment de souvenir. 

Ces pièces sont surtout interprétées à la harpe celtique et je n'ai pas pu trouver de version flûte à bec. Voici par contre une vidéo qui vous changera un peu du néerlandais (tenez bon pendant les 39 premières secondes). Nous y apprenons que Toirdhealbhach Ó Cearbhalláin est né (en 1670) près de Nobber dans le Comté de Meath (à environ 70 km au nord-ouest de Dublin), où se tient tous les ans le O'Carolan Harp Festival, et qu'il a composé ces airs pour la jeune Bridget Cruise dont il était amoureux.



En voici une autre interprétation, avec de la flûte traversière pour nous rapprocher un peu de notre instrument de prédilection (Trio con Spirito) :



Souvent considéré comme le dernier barde irlandais, O'Carolan, aveugle depuis l'âge de 18 ans à cause de la variole, a commencé sa vie de barde et de compositeur à l'âge de 21 ans (il était apparemment plus doué comme compositeur que comme harpiste). Il a ensuite parcouru l'Irlande pour composer de la musique et divertir ses "clients". Il s'est marié à 50 ans et a eu sept enfants. Plus de 200 de ses compositions ont survécu. O'Carolan est mort en 1738 chez sa mécène Mrs McDermott, à Alderford dans le Comté de Roscommon, et ses restes reposent maintenant non loin de là dans l'abbaye de Kilronan. Il était déjà très connu à l'époque de sa mort et sa veillée funèbre a duré quatre jours.


La deuxième pièce que nous avons jouée était Rights of Man. Vous n'en aurez qu'une version, celle des Witches (qui méritent toujours un article, ça viendra, ça viendra) :




Les Witches

Lorsque Turlough avait 14 ans, son père trouva un emploi auprès de la famille McDermott à Ballyfarnon, où les Ó Cearbhalláin emménagèrent. Mrs McDermott apprécia le garçon et veilla à ce qu'il fût éduqué. Comme il semblait avoir un certain talent pour la musique et la poésie, elle lui fit prendre des leçons de harpe. Vers l'âge de 21 ans, elle lui offrit une harpe, un cheval, un guide et l’argent lui permettant de se lancer dans la carrière de harpiste itinérant et de jouer pour ses clients dans toute l’Irlande. 

Son premier patron lui suggéra de s’essayer à la composition. Grâce à ses encouragements, Turlough commença effectivement à composer des mélodies pour la plupart de ses clients. Quant à sa personnalité, il paraît qu'il était enjoué et sociable, qu'il aimait les histoires drôles et qu’il était un excellent joueur de backgammon. Comme beaucoup de harpistes de son époque, il buvait beaucoup, ce qui le mettait de mauvaise humeur. Un médecin lui conseilla un jour d'arrêter de boire pendant un certain temps, mais Turlough se sentait plutôt pire. Il trouva un autre médecin qui lui donna le conseil opposé, suite à quoi son humeur redevint immédiatement "vivante et gaie".

La troisième pièce s'intitule Carolan's Air, aussi connue sous le titre de Carolan's Welcome. Contrairement à la précédente, il est très facile d'en trouver des interprétations diverses et variées, le choix n'a donc pas été facile. Comme d'habitude, je vous en fais écouter suffisamment pour qu'elle vous reste bien dans la tête 😜

Par le Pacific Arts Trio, flûte (traversière), harpe et violoncelle (cliquez sur le lien "Rendez-vous sur YouTube pour visionner cette vidéo") :



Par le polyinstrumentiste néerlandais Ernst Stolz (gambiste, pianiste, flûtiste à bec, violon, accordéon...) :



Une version très différente, par le fameux groupe irlandais de musique traditionnelle The Chieftains :



Et enfin celle de La Folía Barroca, avec à la flûte à bec l'argentin Marcelo Milchberg, que je découvre avec plaisir :



Cette dernière session était animée par Aline Hopchet, concertiste et professeure de flûte à bec et d'autres instruments à vent à Woluwe-Saint-Lambert à côté de Bruxelles et à Lokeren à côté de Gand. N'hésitez pas à l'écouter sur les vidéos présentées sur son site.

2 commentaires:

  1. Léone, je n'ai pas encore visionné toutes vos vidéos postées dans ce nouvelle opus. Mais je suis tomé sous le charme de celle-ci
    "Et enfin celle de La Folía Barroca, avec à la flûte à bec l'argentin Marcelo Milchberg, que je découvre avec plaisir "
    De plus c'est bien aimé avec ces gros plans sur les instruments. J'aime bien de côté intimiste de la musique jouée chez soi apparemment.
    Encore bravo pour la qualité de vos articles

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  2. Merci Michel.
    Oui les vidéos de la Folía Barroca sont tournées "chez quelqu'un", cependant cet ensemble se produit aussi en public. Ils étaient vendredi dans une brasserie à Paris, je n'ai pas pu y aller mais j'espère bien pouvoir le faire la prochaine fois !

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