Armide est une tragédie en musique en un prologue et cinq actes, créée au Theâtre du Palais-Royal à Paris en 1686. La musique est de Lully donc, et le livret de Philippe Quinault. C’est la dernière de leurs douze collaborations : JBL meurt de la gangrène l’année suivante et PQ (nos initiales sont à l'image de nos vies en général : injustes) ne lui survivra qu’un peu plus d’un an.
Reprise d'Armide au Théâtre du Palais Royal en 1761 |
L'oeuvre s'inspire de La Jérusalem Délivrée de Torquato Tasso dit Le Tasse.
C'est l'histoire d'une
Après le prologue (qui est très long et n'a rien à voir avec l'intrigue : c'est juste là où l'on loue Louis, ce qui n'a pas servi à grand chose car bien qu'ayant Lui-même choisi le sujet parmi les trois proposés, Il n'y a jamais assisté au grand désespoir de JBL qui ne composait que pour Lui - et pour sa propre gloire évidemment), s'ouvre l'acte I où l'on célèbre la victoire d'Armide sur les chevaliers croisés de Godefroy de Bouillon (vu la profession de la dame, on se doute bien que cette victoire n'a pas été tout à fait acquise à la loyale et qu'elle a pu bénéficier d'une aide quelque peu surnaturelle, ce qui augure parfaitement de la suite de l'histoire).
Tous les Croisés sont donc faits prisonniers, sauf un : le vaillant Renaud (le Rinaldo de Haendel), le funeste ennemy envers qui les sentiments d'Armide sont partagés entre l'admiration et la détestation. Tonton Hidraot aimerait bien qu'elle se marie, mais c'est en stand-by car elle ne veut épouser que celui qui vaincra Renaud. Sur ce, l'indomptable se permet de libérer ses petits camarades (aka les esclaves d'Armide). Et du coup, elle le HHHait (les H relatifs à toutes les nuances de Haine sont très expirés dans cet opéra).
Dans le désert et à l'acte III, Armide est devenue raide dingue de Renaud. Au début, il s'en fout, mais les sorcifiques enchantements finissent par en avoir raison. Ben oui, mais c'est pas du vrai amour, c'est de la triche. Armide convoque donc la HHHaine pour la débarrasser de cet amour importun. Et puis elle change d'avis : on ne peut l'en défaire sans lui arracher le cœur (donc si vous avez tout bien suivi : peut-être que oui ou peut-être que non, et puis non, mais quand même oui, mais non, mais finalement oui).
À l'acte IV, deux potes de Renaud, Ubalde et le Chevalier Danois, partent le chercher dans le désert avec des objets magiques qui leur permettent de dissiper tous les leurres et autres créatures infernales qui tentent de leur barrer le passage (je passe rapidement, on n'en joue qu'un tout petit bout).
Et nous voici enfin à l'acte V : c'est maintenant Renaud qui est dingue d'Armide, mais avec elle c'est toujours pareil, c'est un coup oui, un coup non. Ubalde & le Danois délivrent Renaud de son amour factice à l'aide d'un bouclier de diamant (Note : toujours en avoir un sur soi, ça sert tout le temps). Armide le supplie de rester, mais Renaud s'en va quand même.
Sur ce, les Démons détruisent le palais enchanté et Armide part sur un char volant (on a été obligé.es de renoncer au char volant vus nos modestes moyens : notre Armide devrait partir en trottinette).
Charles Antoine Coypel : la destruction du palais d'Armide (1737) |
Comme on l'a vu, cet opéra est considéré comme l'ultime achèvement de la collaboration entre Lully et Philippe Quinault. Bon. On n'est peut-être pas très bon.ne.s juges vu de notre époque, mais l'écoute des textes fait un peu rigoler. Il y a quelques perles qui de plus rentrent très très bien dans la tête, d'autant que c'est souvent répétitif (chanté plein de fois par le soliste, repris plein de fois par le chœur). Ça permet d'introduire quelques savoureuses formules dans notre langage courant, formules très faciles à placer en maintes occasions.
Je vous en offre un petit florilège :
- Chantons, chantons la douceur de ses loix, chantons, chantons ses glorieux exploits
- Peut-on le connaistre et ne l'aimer pas ? (très simple à adapter en changeant le pronom)
- Et qui peut estre heureux si vous ne l'estes pas ?
- Armide est encor plus aymable qu'elle n'est redoutable
- Poursuivons jusqu'au trépas l'Ennemy qui nous offence
- Venez venez, HHHaine implacâble, sortez du gouffre épouventâââble
- Plus on connoist l'Amour et plus on le déteste
- Brisons ses traits, esteignons son Flambeau (comme quoi on n'a rien inventé avec Koh Lanta)
- Si l'amour ne causoit que des peines, les oyseaux amoureux ne chanteroient pas tant (ajouter les trilles et toute ornementation typique de la musique baroque française que vous jugerez appropriée)
Oui bon, lu comme ça, ça ne donne pas grand chose : il faut l'imaginer chanté avec emphase, en roulant les R et avec l'accent du XVIIe (siècle).
♫♬♪
En ce qui concerne ma propre future prestation, je me retrouve en violon 1, mais avec trois flûtes et quelques changements acrobatiques d'instrument entre deux morceaux, et des fois je délaisse le violon à trous pour des solos (soli ?) de flûte.
On a beau faire des grosses coupes pour ne pas que ça dure trois heures, ça fait quand même une trentaine de passages à jouer, certains courts, certains longs, certains deux fois, certains faciles, certains avec des rythmes franchement abusifs :
Y a des liaisons partout ! |
(pour l'entendre : https://www.youtube.com/watch?v=lIJBCiZckcA)
Par pur hasard, les Talens Lyriques donneront d'ailleurs Armide à l'Opéra Comique la même semaine que nous. Si vous ne devez voir qu'un seul des deux spectacles, je vous conseille le nôtre (moins long, et gratuit), mais vous pouvez très bien aller écouter les deux.