Je ne disposais jusqu'à il y a quelques mois en guise de flûte à bec ténor que de la plastique de Yamaha, au son de laquelle je n'avais rien à redire, mais qui n'était pas très adaptée à mes petits doigts : comme elle est un peu lourde, le plastique lisse avait tendance à glisser, et j'avais du mal à manipuler correctement la clé du Fa. Je reculais devant la dépense depuis déjà plusieurs années, mais devant participer à un spectacle associant des extraits de pièces de Molière (pour son 400ème anniversaire) et de la musique de Lully, exclusivement à la ténor, j'y ai vu comme un signe. Je ne me voyais pas du tout jouer tous ces morceaux à la suite avec ma flûte en plastique.
S'est donc posée la question du choix, avec trois critères essentiels : le prix, qui devait rester modeste, la forme que je voulais droite et non coudée (c'est bon pour les basses, ça) et l'absence de clé. Je déteste ces clés qui viennent s'interposer entre mon instrument et moi (bien sûr au-delà d'une certaine taille ça devient difficile de s'en passer, mais pour la ténor, ça va encore). Il me paraissait malheureusement difficile d'essayer plein de flûtes pour une raison que je n'ai sans doute pas besoin d'exposer. Je pense qu'il doit être possible de prendre rendez-vous dans un magasin de musique pour essayer des flûtes qui suivront ensuite un strict protocole de désinfection, mais ne sachant pas combien j'aurais envie d'en essayer, je trouvais ça un peu gênant. De toutes façons l'une des candidates (et future élue, c'est dans le titre) n'était pas disponible à Woodbrass Paris.
J'avais essayé aux ORDA d'Amsterdam une ténor de la gamme Waldorf de Mollenhauer, en poirier, que j'avais beaucoup aimée. Mais elle est vraiment trop moche, je sais que c'est pas bien de s'attacher à l'apparence et que c'est le fond qui compte, mais déjà qu'on a du mal à être pris au sérieux, se produire en concert avec cette pauvre chose était au dessus de mes forces. J'avais essayé aussi la grande sœur de ma soprano, la Kynseker (toujours de chez Mollenhauer), mais je ne l'avais pas du tout aimée alors que la petite me donne toute satisfaction. Tant mieux d'ailleurs, elle était hors budget. Les deux specimens en short list étaient donc la Mollenhauer Canta, en poirier aussi, et la Moeck Rondo, en érable, toutes les deux dans la même gamme de prix. Comme j'ai tendance à préférer le bois fruitier et que j'ai un petit préjugé en faveur de Mollenhauer, j'ai commandé chez Thomann (je préfère commander en France si je peux mais elle était aussi indisponible sur le site de Woodbrass) la Canta pour la modique somme de 325€ (elle est montée à 345€ depuis). J'avais une petite crainte concernant la possibilité d'accéder aux trous du Fa sans clé, mais on peut toujours renvoyer un instrument s'il ne convient pas.Après sept mois d'utilisation incluant le concert pré-cité et sa préparation, je ne regrette absolument pas ce choix. Elle me convient à tous les points de vue : le son est vraiment bon, les notes aiguës sortent sans forcer, les graves sont faciles aussi, elle est super agréable en main. Elle est aussi lourde que la Yamaha plastique et les trous sont globalement positionnés de la même façon, mais il m'est pourtant plus facile d'accéder au Fa. Elle convient très bien à la musique baroque mais je l'ai aussi utilisée en quatuor (deux flûtes à bec, deux violoncelles) sur des danses Renaissance et c'était très bien aussi. Elle a d'ailleurs un look plutôt passe-partout. En résumé : excellent rapport qualité/prix (je ne suis pas sponsorisée par Mollenhauer ni par personne d'autre).
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