mardi 15 janvier 2019

Blokfluitdagen 2018 - Jour 2 - Session 2

Après un nouveau pique-nique ensoleillé - bien qu'un peu frais - au bord du canal, et une promenade dans les jolies rues de Malines, nous étions prêtes à attaquer notre dernière demi-journée de pratique intensive.
Je décidai cette fois de retourner à la musique baroque, avec la Chaconne des Africains de ce cher Lully.

Giovanni Battista Lulli est un compositeur et violoniste italien naturalisé français, né à Florence le 28 novembre 1632 et mort à Paris le 22 mars 1687.

Ses origines sont modestes puisqu'il est fils de meunier, mais il se fait remarquer vers l'âge de 14 ans par Roger de Lorraine, Duc de Guise qui l'amène à Paris chez sa nièce, la Duchesse de Montpensier, qui voulait apprendre l'italien. Elle l'envoie au départ en cuisine (peut-être à cause de son physique ingrat), puis finit par se rendre compte de son talent pour la musique (on ne sait pas trop comment). Il est formé par les grands maîtres qui fréquentent le salon de la Duchesse, apprend le violon, le clavecin, la théorie et la composition musicales et crée pour sa protectrice la Compagnie des Violons de Mademoiselle.

En 1652, suite à la Fronde à laquelle elle a pris part, la Duchesse de Montpensier doit fuir et Louis XIV engage alors Lulli en qualité de violoniste et de danseur. Il obtient petit à petit les faveurs du roi en se pliant opportunément à ses intérêts pour la musique et pour la danse, se fait naturaliser en 1661 sous le nom de Jean-Baptiste Lully, et devient surintendant de la musique du roi. Il réussit à acheter un privilège qui lui donne le monopole de l'opéra : personne d'autre que lui ne peut monter d'opéra sous peine d'amende (trop fort), ce qui l'aide beaucoup à faire fortune.

Lully a inventé avec Molière la comédie-ballet (comme le Bourgeois Gentilhomme), et créé l'opéra français sous forme de tragédie lyrique, en combinant les différents genres musicaux de la France du XVIIe siècle (ballet de cour, tragédie, pastorale, comédie, opéra italien). Le premier de ces opéras français, créé en 1673, est Cadmus et Hermione dont est extraite la Chaconne des Africains.

Outre ses talents musicaux, Lully est aussi connu pour son sale caractère, son attirance autant pour les hommes que pour les femmes (bien qu'il fût marié), et sa mort aussi bête qu'originale : alors qu'il dirigeait  la répétition du Te Deum qu'il devait faire jouer pour célébrer la guérison du roi qui avait été malade, il s'est fâché très fort contre ses musiciens et s'est donné un grand coup de son bâton de direction d'orchestre dans l'orteil ; s'en est suivie une infection, et comme il n'y avait pas d'antibios à l'époque et qu'il a refusé qu'on lui coupe la jambe, la gangrène s'est généralisée et il est mort le 22 mars 1687, à 55 ans.

Je vous ai déjà fait entendre la Chaconne des Africains ici, mais je vous remets cette interprétation  de l'ensemble brésilien Quinta Essentia Recorder Quartet, qui est quand même bien sympa :



Cadmus et Hermione est une tragédie mise en musique avec un prologue et cinq actes sur un poème de Philippe Quinault d’après Les Métamorphoses d’Ovide, créée à l’Académie royale de musique le 27 avril 1673 et dont l'argument est le suivant : le prince égyptien Cadmus, parti à la recherche de sa sœur Europe, s’est arrêté en Grèce où il est tombé sous le charme d’Hermione, fille de Mars, mais celle-ci est déjà promise au roi de cette contrée, le géant Dracon, protégé du dieu. Pour la conquérir, Cadmus doit donc surmonter les obstacles dressés par Mars autour de la princesse, mais il est aidé par Pallas qui transforme Dracon en statue. Junon enlève Hermione, mais l'amour finira par triompher et les deux amants se marient sous les auspices de l'Olympe.


Voici la version ballet du Poème Harmonique (malheureusement la qualité n'est pas très bonne) :



Et celle de l'inégalable Eduardo Antonello, avec deux flûtes à bec sur le lit et le fauteuil à bascule :



La Chaconne est une danse lente à trois temps apparue en Espagne au XVIe siècle, et qui a donné naissance à une pièce instrumentale formée de variations sur un motif répété à la basse. On la trouve dans des suites de danses de la période baroque, et elle est parfois appelée Passacaille bien qu'il semble y avoir pour certains compositeurs des nuances assez floues entre les deux.


Des chaconnes ont été écrites par des compositeurs  contemporains, comme Matthias Maute :



Cette session était (très) animée par Barbara Belza, professeure de flûte à bec à l'Académie de Musique de Geel dans la province d'Anvers. Barbara est néerlandophone, mais tellement expressive que j'ai à peine eu besoin qu'on me traduise ses explications, qui étaient vraiment très intéressantes. Elle a aussi eu la bonne idée de nous faire écouter la pièce en début de session.

2 commentaires:

  1. Certains lecteurs ont toujours un problème pour poster des commentaires, je ne sais pas à quoi cela est dû...

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