Peut-être
avez-vous déjà remarqué sur certaines vidéos de musique contemporaine pour flûte
à bec, une sorte de gros instrument carré en bois de meuble.
C’est
la flûte Paetzold !
Comme pour notre instrument familier, il y en a de plusieurs tailles qui se succèdent comme les flûtes à bec ordinaires, une en Fa, une en Do : Basse (en Fa), Grande Basse (en Do), Contrebasse (en Fa), Sous Grande Basse (en Do) et Sous Contrebasse (en Fa).
La flûte à bec carrée Paetzold a été conçue au
milieu des années 1970 par le facteur de flûte allemand Joachim
Paetzold (d'où son nom !).Comme pour notre instrument familier, il y en a de plusieurs tailles qui se succèdent comme les flûtes à bec ordinaires, une en Fa, une en Do : Basse (en Fa), Grande Basse (en Do), Contrebasse (en Fa), Sous Grande Basse (en Do) et Sous Contrebasse (en Fa).
Inspiré par l'orgue qui combine des tuyaux
cylindriques et des tuyaux carrés, il eut l’idée, vers la fin des années 1950,
de construire une flûte à bec carrée.
Il cherchait à développer un instrument jouable facilement sur deux octaves,
avec une attaque rapide et surtout bon marché. Son prototype en contreplaqué
donna un bon résultat, ce qui l’encouragea à continuer ses essais.
Au début des années 1970, il aboutit à une flûte
carrée basse nettement améliorée, et il tenta en 1975 de développer
une contrebasse, cette fois avec l’aide de son neveu Herbert. N'étant ni
facteur d’instruments, ni même musicien, mais électrotechnicien et menuisier,
ce dernier contribua au développement de la nouvelle flûte sans idées
préconçues et sans être influencé par les traditions de la facture des flûtes à
bec. En 1976, la première flûte carrée Paetzold fut brevetée et
convainquit immédiatement les musiciens professionnels qui l’essayèrent : en
1977 Frans Brüggen commanda trois instruments pour son trio Sour Cream.
L'association des flûtes Paetzold avec des flûtes baroques peut être assez étonnante, non seulement visuellement mais aussi au niveau du son, je vous laisse juger avec ces trois "classiques" irlandais revisités :
On peut bien sûr théoriquement jouer n'importe quel style de musique avec une flûte Paetzold. Le claquement des clés lorsqu'on joue est assez déconcertant, cependant ce sont quand même des basses donc finalement, le fait de rajouter une sorte de percu à une ligne de basse ne doit pas être si gênant que ça. Par contre lorsqu'elles sont jouées en voix principale, je trouve ça assez... étrange.
Une pièce du compositeur allemand (que je découvre à cette occasion) Hermann Robert Frenzel, né en 1850 mais dont le style sur ce morceau tout au moins, est plutôt Renaissance. Elle est interprétée par le quintette néerlandais Seldom Sene (dont je vous reparlerai sans doute un jour) :
Mais c'est quand même le répertoire contemporain qui lui convient le mieux, car elle permet beaucoup plus d'effets sonores extravagants qu'une flûte baroque ou renaissance. Plusieurs compositeurs ont également écrit spécifiquement pour la flûte Paetzold. Je vous en donne un échantillon ci-dessous, moi franchement j'ai du mal mais comme avec une grande partie de la musique contemporaine pour flûte à bec :
Sur la vidéo suivante, vous pourrez voir une présentation de
la sous-contrebasse, ce qui vous donnera de plus l'occasion de pratiquer
votre anglais, puisque le Monsieur est allemand :
Pour les non-anglophones qui n'auraient pas tout compris, cette flûte mesure 2 mètres 46 de haut, c'est pourquoi le Monsieur
en joue dehors car chez lui c'est bas de plafond. Vous pouvez voir que son
tuyau est replié sur lui-même (partie haute), sinon elle mesurerait plus de 3 mètres !
Si par hasard vous étiez intéressé par l'acquisition de l'une de ces
flûtes (ce n'est pas donné, mais quand même moins cher que l'équivalent en flûte "traditionnelle"), il existe des modèles à la décoration relativement... audacieuse, voyez plutôt :
Pour nous remettre de nos émotions, terminons avec cette Chaconne des Africains de Lully, toujours avec Paul Leenhouts (dont je vous reparlerai sans doute un jour) et l'ensemble brésilien Quinta Essentia Recorder Quartet.
merci Léone, très intéressant et bien documentés tes articles à chaque fois. Je préfère ô combien la flûte à bec traditionnelle, mais j'aime l'audace et l'étonnement que me procure la découverte de ce M. Paetzold ! Plus j'écoute, plus j'apprécie l'originalité de cet instrument que l'on appelle flûtes Ikea chez nous ;)
RépondreSupprimerOui c'est assez étonnant ce qu'on peut faire avec...
RépondreSupprimerSerait-il possible de connaître toutes les étendues (ambitus) de tous ces instruments ? Merci.
RépondreSupprimerA priori l'ambitus est le même sur toutes les flûtes à bec (à part les flûtes d'invention récente style Eagle), c'est à dire un peu plus de deux octaves, alternativement et couramment de do à ré (on peut jouer des notes supplémentaires en utilisant des doigtés spéciaux mais ce n'est ni courant ni forcément agréable à l'oreille) pour les garklein, soprano, ténor, grande basse et sous-basse, et de fa à sol pour les sopranino, alto, basse, contrebasse et sous-contrebasse.
SupprimerEn notes réelles cela va donc au total du fa trois lignes en dessous de la portée (en clé de sol) pour la sous-contrebasse au ré 5 lignes au dessus de la portée pour la garklein.