Ce qui est vraiment bien avec ce festival, c'est qu'on peut expérimenter des musiques qu'on n'a pas forcément l'occasion de jouer en temps normal. C'est parfois tentant de choisir des compositeurs que l'on connaît et que l'on aime, mais le plaisir de la découverte est aussi bien agréable. Comme il y a quatre sessions par jour, et jusqu'à trois jours si on veut, on peut se débrouiller pour faire les deux 😃
Pour cette avant-dernière session d'ensemble, j'ai choisi de découvrir la musique klezmer, que je connais très peu même si j'en ai déjà joué une pièce à l'orchestre (Odessa Bulgarish).
Cette session était intitulée Klezmer & More et basée sur le recueil de partitions éponyme qui contient 20 pièces. Je ne sais pas si c'est la musique klezmer ou l'animateur de la session, Jeroen van Lexmond, qui attirait tant de monde mais la salle n'arrêtait pas de se remplir, tant et si bien qu'il a fallu pousser les meubles et suivre à trois par pupitre ! Cette affluence n'a pas empêché Jeroen de mener la session à un train d'enfer : à peine une pièce tenait-elle à peu près la route qu'il passait à la suivante, et on a réussi en 1h15 environ (la session dure 1h30 mais le temps que tout le monde réussisse à s'installer, ça a bien dû prendre 1/4 d'heure) à déchiffrer et mettre en place 11 pièces sur les 20, ce qui fait moins de 7 minutes par pièce. C'était sympa d'en voir plein, mais un peu frustrant (et épuisant) quand même de les oublier à peine jouées...
Je vais essayer de vous faire un petit topo sur la musique klezmer, mais j'ai un peu de mal car je n'y connais moi-même pas grand-chose, et les différentes sources internet sont plutôt contradictoires... je tente quand même une petite synthèse des informations les plus consensuelles.
La musique klezmer est celle que les saltimbanques juifs ashkénazes jouaient de fête en fête dans toute l’Europe centrale et de l’est, aussi bien dans les cours des califes que dans celles des rois chrétiens, depuis le XIIIe siècle jusqu’aux persécutions nazies et staliniennes du XXe siècle. Elle s’est enrichie au contact de musiciens slaves, tziganes, grecs, turcs (ottomans) et plus tard du jazz avec la vague d'immigration juive aux États-Unis au début du XXe siècle. La tradition klezmer en Europe a été ensuite en grande partie démantelée par la Shoah.
C’était un répertoire essentiellement instrumental, jusqu’au XVIe siècle où s’y sont ajoutées des paroles. À cette époque, afin de pouvoir continuer à jouer malgré les restrictions imposées par les institutions religieuses et civiles, les musiciens professionnels juifs collaborent avec des musiciens non juifs, induisant un brassage des cultures en particulier avec les tsiganes tout en conservant à la musique klezmer son essence propre.
Le mot klezmer vient de l'association des mots hébreux klei (instrument) et zemer (chant, mélodie). À l'origine, le mot klezmer (pluriel : klezmorim) désignait donc les instruments. On a ensuite également appelé les interprètes les klezmorim. Du fait des conditions de vie précaires de ces musiciens itinérants, ainsi que de leur mode de vie souvent peu observant des règles de vie juives, ce mot avait acquis une connotation plutôt péjorative.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les ensembles klezmers étaient essentiellement composés d’un luth ou d’un petit ensemble d’instruments à cordes (violons, viole de gambe, violoncelle), et aussi parfois d’un cymbalum (cithare sur table) et d’une flûte (ah quand même). Les percussions étaient souvent réduites à un simple tambour (tshekal) ou une grosse caisse (puk ou baraban). Vers la deuxième moitié du XIXe siècle, les ensembles klezmers commencèrent à intégrer des instruments à vent, clarinette puis cuivres et accordéon à boutons. On peut aujourd'hui y trouver un peu de tout (sauf apparemment des flûtes à bec si j'en crois mes recherches de vidéos infructueuses).
Je ne sais plus vraiment quelles pièces nous avons jouées parmi les 20, mis à part certaines qui sont bien connues comme Hevenu shalom alejchem ou Tumbalalaïka. Pour info, ce site propose en téléchargement gratuit ces deux partitions (SATB(*)).
Je ne vais pas vous laisser complètement sur votre faim, voici donc ce que j'ai pu trouver pour ces deux pièces.
D'abord Hevenu shalom alejchem (nous vous apportons la paix), avec de la flûte à bec (beaucoup) :
Et sans flûte à bec, mais avec plus de klezmer dedans (la musique commence à 0:42):
Tumbalalaïka (dont je connaissais la mélodie pour l'avoir chantée en chorale), chanson du folklore juif ashkénaze russe, chantée en yiddish de génération en génération :
(L'affiche en arrière-plan est écrite en turc et on peut y lire quelque chose comme : "Attention ! Vouloir chanter pendant le règne a été interdit par la police". Je ne pourrai malheureusement pas vous en dire plus, n'ayant aucune connaissance du contexte).
Pour cette avant-dernière session d'ensemble, j'ai choisi de découvrir la musique klezmer, que je connais très peu même si j'en ai déjà joué une pièce à l'orchestre (Odessa Bulgarish).
Cette session était intitulée Klezmer & More et basée sur le recueil de partitions éponyme qui contient 20 pièces. Je ne sais pas si c'est la musique klezmer ou l'animateur de la session, Jeroen van Lexmond, qui attirait tant de monde mais la salle n'arrêtait pas de se remplir, tant et si bien qu'il a fallu pousser les meubles et suivre à trois par pupitre ! Cette affluence n'a pas empêché Jeroen de mener la session à un train d'enfer : à peine une pièce tenait-elle à peu près la route qu'il passait à la suivante, et on a réussi en 1h15 environ (la session dure 1h30 mais le temps que tout le monde réussisse à s'installer, ça a bien dû prendre 1/4 d'heure) à déchiffrer et mettre en place 11 pièces sur les 20, ce qui fait moins de 7 minutes par pièce. C'était sympa d'en voir plein, mais un peu frustrant (et épuisant) quand même de les oublier à peine jouées...
Je vais essayer de vous faire un petit topo sur la musique klezmer, mais j'ai un peu de mal car je n'y connais moi-même pas grand-chose, et les différentes sources internet sont plutôt contradictoires... je tente quand même une petite synthèse des informations les plus consensuelles.
Source : Paloma Valeva |
C’était un répertoire essentiellement instrumental, jusqu’au XVIe siècle où s’y sont ajoutées des paroles. À cette époque, afin de pouvoir continuer à jouer malgré les restrictions imposées par les institutions religieuses et civiles, les musiciens professionnels juifs collaborent avec des musiciens non juifs, induisant un brassage des cultures en particulier avec les tsiganes tout en conservant à la musique klezmer son essence propre.
Le mot klezmer vient de l'association des mots hébreux klei (instrument) et zemer (chant, mélodie). À l'origine, le mot klezmer (pluriel : klezmorim) désignait donc les instruments. On a ensuite également appelé les interprètes les klezmorim. Du fait des conditions de vie précaires de ces musiciens itinérants, ainsi que de leur mode de vie souvent peu observant des règles de vie juives, ce mot avait acquis une connotation plutôt péjorative.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les ensembles klezmers étaient essentiellement composés d’un luth ou d’un petit ensemble d’instruments à cordes (violons, viole de gambe, violoncelle), et aussi parfois d’un cymbalum (cithare sur table) et d’une flûte (ah quand même). Les percussions étaient souvent réduites à un simple tambour (tshekal) ou une grosse caisse (puk ou baraban). Vers la deuxième moitié du XIXe siècle, les ensembles klezmers commencèrent à intégrer des instruments à vent, clarinette puis cuivres et accordéon à boutons. On peut aujourd'hui y trouver un peu de tout (sauf apparemment des flûtes à bec si j'en crois mes recherches de vidéos infructueuses).
Je ne sais plus vraiment quelles pièces nous avons jouées parmi les 20, mis à part certaines qui sont bien connues comme Hevenu shalom alejchem ou Tumbalalaïka. Pour info, ce site propose en téléchargement gratuit ces deux partitions (SATB(*)).
Je ne vais pas vous laisser complètement sur votre faim, voici donc ce que j'ai pu trouver pour ces deux pièces.
D'abord Hevenu shalom alejchem (nous vous apportons la paix), avec de la flûte à bec (beaucoup) :
Et sans flûte à bec, mais avec plus de klezmer dedans (la musique commence à 0:42):
Tumbalalaïka (dont je connaissais la mélodie pour l'avoir chantée en chorale), chanson du folklore juif ashkénaze russe, chantée en yiddish de génération en génération :
(L'affiche en arrière-plan est écrite en turc et on peut y lire quelque chose comme : "Attention ! Vouloir chanter pendant le règne a été interdit par la police". Je ne pourrai malheureusement pas vous en dire plus, n'ayant aucune connaissance du contexte).
Un jeune homme est debout, debout et il réfléchit
Il réfléchit et réfléchit toute la nuit :
Qui choisir et ne pas offenser ?
Qui choisir et ne pas offenser ?
Résonne bala, résonne bala, résonne balalaïka,
Résonne bala, résonne bala, résonne balalaïka
Résonne balalaïka, joue balalaïka,
Résonne balalaïka, sois joyeuse !
Jeune fille, jeune fille, puis-je te demander ?
Qu'est-ce qui peut grandir, grandir sans pluie ?
Qu'est-ce qui peut brûler, brûler sans cesse ?
Qu'est-ce qui peut pleurer, pleurer sans larme ?
Stupide jeune homme, que demandes-tu ?
Une pierre peut grandir, grandir sans pluie.
L'amour peut brûler, brûler sans cesse.
Un cœur peut pleurer, pleurer sans larmes.
Cette session était donc animée par Jeroen van Lexmond, professeur de flûte à bec quelque part à l'est des Pays-Bas. J'ai vraiment beaucoup aimé son enthousiasme et sa capacité à diriger sans faillir cet ensemble d'une bonne vingtaine de flûtistes pendant plus d'une heure.
Vous pouvez voir et entendre Jeroen ici :
(la musique qu'on entend au début de la vidéo me rappelle furieusement quelque chose et en plus j'ai la désagréable impression que je devrais la reconnaître... si quelqu'un peut éclairer ma lanterne...)
(*) SATB = Soprano, Alto, Ténor et Basse
Merci Léone pour cet historique de la musique Klezmer.
RépondreSupprimerMalheureusement je ne pourrai pas vous aider pour retrouver l'origine de la musique en début d'interview de Jeroen van Lexmond.
Ce festival semble unique en son genre !
Je ne sais pas s'il est unique, mais quel bonheur de l'avoir découvert !
RépondreSupprimer