J'ai presque fini ma série de comptes rendus du Festival de Malines 2018 (il me reste encore le concert du deuxième jour), et il va maintenant me falloir trouver d'autres sources d'inspiration. J'ai donc pensé vous parler de temps en temps des pièces que je travaille en cours.
Je dispose comme vous le savez d'un certain nombre de flûtes à bec, dont plusieurs altos que j'utilise en fonction de la situation.
Mon alto en plastique est toujours à proximité du pupitre sur lequel traînent mes partitions en cours, ce qui me permet lorsque je n'ai pas trop de temps de jouer quelques minutes sans forcément l'avoir prévu, puisque je n'ai pas besoin de la faire chauffer. Parfois, je commence à travailler avec en attendant que sa ou ses camarades aient atteint la bonne température.
J'utilise la Bernolin en résine pour l'orchestre, parce qu'elle a un son clair et puissant et qu'on l'entend mieux parmi les autres instruments.
L'Aesthé est quant à elle réservée à mon cours ou en petit ensemble de musique de chambre, ce qui est malheureusement peu fréquent par les temps qui courent. Ma prof m'accompagne au piano, qui est électronique et que l'on peut régler en son "clavecin" ce qui est quand même plus sympa avec la flûte à bec.
Mais du coup, comme dans mon petit conservatoire communal il n'y a pas de section musique ancienne, ni aucun autre élève susceptible d'en jouer, je n'avais plus du tout l'occasion d'utiliser mon alto 415Hz que j'aime et que j'adore. J'ai demandé à ma prof si on pouvait régler le piano en 415Hz, mais on n'a pas trouvé comment. Du coup elle m'a proposé de me ramener des pièces pour deux altos et de jouer la seconde voix avec sa propre flûte, ce que je me suis empressée d'accepter !
Elle a commencé par m'apporter la sonate en canon n°2 de Telemann, où j'ai pu jouer la première voix et elle la seconde, en l'occurrence les deux sont exactement les mêmes sauf que la seconde démarre une mesure après la première, et du coup joue une mesure de moins puisque ça ne se fait pas de ne pas terminer en même temps.
Mais revenons sur le titre de la pièce, sonate en canon n°2 : qu'est-ce qu'une sonate, qu'est-ce qu'un canon ? Je sais que ces termes sont parfaitement familiers à un certain nombre d'entre vous, mais pas à tous et c'est donc l'occasion de revenir à quelques fondamentaux.
J'en profite pour souligner - bien que cela puisse paraître évident - que je ne suis ni historienne, ni musicologue, et que tout ce que j'écris ici est un mix entre mes connaissances et expériences personnelles en tant que musicienne très amateure, et les informations que je peux trouver en particulier sur internet, dont la fiabilité est incertaine puisque chacun peut y écrire à peu près ce qu'il veut (la preuve ici même). Chaque article me demande donc beaucoup de temps (d'autant plus que je ne mesure généralement pas à l'avance jusqu'où cela va m'emmener), car je ne fais jamais de copier-coller.
Pour écrire une biographie de compositeur par exemple, même de quelques lignes, je croise plusieurs sources et je fais une synthèse qui n'a aucune prétention d'exhaustivité mais a plutôt pour but d'être une petite introduction la plus digeste possible, libre à vous ensuite d'aller compléter vos connaissances ailleurs si le cœur vous en dit. Lorsque je poste deux ou trois vidéos pour présenter plusieurs interprétations d'une même pièce, j'en ai généralement visionné beaucoup plus et le choix n'a pas toujours été facile et reste tout à fait subjectif.
La sonate est une forme musicale apparue vers la fin du XVIe siècle. Elle est purement instrumentale et s'oppose en cela à la cantate, qui est chantée. Elle s'impose vraiment à l'époque de Corelli, et va progressivement évincer la suite (qui est une alternance de danses écrites dans la même tonalité mais de tempi ou de caractères variés).
La sonate baroque est composée de plusieurs mouvements écrits dans la même tonalité (par exemple ici en Fa majeur), généralement trois ou quatre, alternant un mouvement rapide avec un mouvement lent. Elle est écrite pour un nombre limité d'instruments, généralement un ou deux avec une basse continue. Celle-ci commence par un premier mouvement plutôt allant, sans indication de tempo. Les tempi sur une partition baroque ne sont pas chiffrés, mais suggérés par un type de mouvement : un allegro sera plutôt rapide, un largo plutôt lent, mais cela est laissé à l'appréciation de l'interprète et il s'agit plus d'une indication de caractère que de vitesse. Ce premier mouvement est suivi d'un larghetto, plutôt lent donc, puis d'un allegro assai, plus rapide (assai veut dire très).
Le canon est un procédé d'écriture où deux ou plusieurs voix jouent exactement la même chose (à l'unisson ou décalées d'un intervalle, généralement octave ou quinte), mais où chaque voix démarre après la précédente, par exemple une mesure après comme dans celle dont je vous parle ici (Frère Jacques est un canon bien connu). Par contre, tout le monde s'arrête en même temps, ce qui fait que seule la première voix joue ou chante la pièce complète.
Ici nous avons donc un décalage d'une mesure :
On peut voir à la fin de la partition qu'il y a deux points d'orgue (le point d'orgue est le petit point surmonté d'une parenthèse horizontale, qui indique que l'on doit prolonger la note et non en jouer strictement la valeur écrite) : un sur le fa aigu final qui sera joué uniquement par la première flûte (celle qui a commencé à jouer en premier), et un sur le fa medium qui est sur le premier temps de la mesure précédente. La seconde flûte jouera donc ce point d'orgue pendant que la première jouera la note finale, et elles s'arrêteront en même temps. Bien sûr, lorsque la première flûte est passée sur le fa médium, elle a joué une croche et pas le point d'orgue qui n'est écrit que pour la deuxième flûte.
Voici la meilleure interprétation que j'aie trouvée (il n'y en a pas des tonnes), avec deux violoncelles. Le jeu de recouvrement des deux voix fait que parfois on les entend vraiment bien se répondre en écho, parfois on entend une voix beaucoup plus que l'autre, et parfois lorsqu'il y a un changement de caractère au cours du morceau, la deuxième voix a l'air de ne pas réagir tout de suite, et puis vient encourager tardivement la première. Je vous laisse écouter :
Elle a commencé par m'apporter la sonate en canon n°2 de Telemann, où j'ai pu jouer la première voix et elle la seconde, en l'occurrence les deux sont exactement les mêmes sauf que la seconde démarre une mesure après la première, et du coup joue une mesure de moins puisque ça ne se fait pas de ne pas terminer en même temps.
Mais revenons sur le titre de la pièce, sonate en canon n°2 : qu'est-ce qu'une sonate, qu'est-ce qu'un canon ? Je sais que ces termes sont parfaitement familiers à un certain nombre d'entre vous, mais pas à tous et c'est donc l'occasion de revenir à quelques fondamentaux.
J'en profite pour souligner - bien que cela puisse paraître évident - que je ne suis ni historienne, ni musicologue, et que tout ce que j'écris ici est un mix entre mes connaissances et expériences personnelles en tant que musicienne très amateure, et les informations que je peux trouver en particulier sur internet, dont la fiabilité est incertaine puisque chacun peut y écrire à peu près ce qu'il veut (la preuve ici même). Chaque article me demande donc beaucoup de temps (d'autant plus que je ne mesure généralement pas à l'avance jusqu'où cela va m'emmener), car je ne fais jamais de copier-coller.
Pour écrire une biographie de compositeur par exemple, même de quelques lignes, je croise plusieurs sources et je fais une synthèse qui n'a aucune prétention d'exhaustivité mais a plutôt pour but d'être une petite introduction la plus digeste possible, libre à vous ensuite d'aller compléter vos connaissances ailleurs si le cœur vous en dit. Lorsque je poste deux ou trois vidéos pour présenter plusieurs interprétations d'une même pièce, j'en ai généralement visionné beaucoup plus et le choix n'a pas toujours été facile et reste tout à fait subjectif.
♫♬♪
La sonate est une forme musicale apparue vers la fin du XVIe siècle. Elle est purement instrumentale et s'oppose en cela à la cantate, qui est chantée. Elle s'impose vraiment à l'époque de Corelli, et va progressivement évincer la suite (qui est une alternance de danses écrites dans la même tonalité mais de tempi ou de caractères variés).
La sonate baroque est composée de plusieurs mouvements écrits dans la même tonalité (par exemple ici en Fa majeur), généralement trois ou quatre, alternant un mouvement rapide avec un mouvement lent. Elle est écrite pour un nombre limité d'instruments, généralement un ou deux avec une basse continue. Celle-ci commence par un premier mouvement plutôt allant, sans indication de tempo. Les tempi sur une partition baroque ne sont pas chiffrés, mais suggérés par un type de mouvement : un allegro sera plutôt rapide, un largo plutôt lent, mais cela est laissé à l'appréciation de l'interprète et il s'agit plus d'une indication de caractère que de vitesse. Ce premier mouvement est suivi d'un larghetto, plutôt lent donc, puis d'un allegro assai, plus rapide (assai veut dire très).
Le canon est un procédé d'écriture où deux ou plusieurs voix jouent exactement la même chose (à l'unisson ou décalées d'un intervalle, généralement octave ou quinte), mais où chaque voix démarre après la précédente, par exemple une mesure après comme dans celle dont je vous parle ici (Frère Jacques est un canon bien connu). Par contre, tout le monde s'arrête en même temps, ce qui fait que seule la première voix joue ou chante la pièce complète.
♫♬♪
Ici nous avons donc un décalage d'une mesure :
On peut voir à la fin de la partition qu'il y a deux points d'orgue (le point d'orgue est le petit point surmonté d'une parenthèse horizontale, qui indique que l'on doit prolonger la note et non en jouer strictement la valeur écrite) : un sur le fa aigu final qui sera joué uniquement par la première flûte (celle qui a commencé à jouer en premier), et un sur le fa medium qui est sur le premier temps de la mesure précédente. La seconde flûte jouera donc ce point d'orgue pendant que la première jouera la note finale, et elles s'arrêteront en même temps. Bien sûr, lorsque la première flûte est passée sur le fa médium, elle a joué une croche et pas le point d'orgue qui n'est écrit que pour la deuxième flûte.
Voici la meilleure interprétation que j'aie trouvée (il n'y en a pas des tonnes), avec deux violoncelles. Le jeu de recouvrement des deux voix fait que parfois on les entend vraiment bien se répondre en écho, parfois on entend une voix beaucoup plus que l'autre, et parfois lorsqu'il y a un changement de caractère au cours du morceau, la deuxième voix a l'air de ne pas réagir tout de suite, et puis vient encourager tardivement la première. Je vous laisse écouter :
Je vous mets une interprétation à la flûte à bec, non parce qu'elle me plaît mais justement parce c'est le même interprète qui joue les deux voix, assemblées grâce à un montage, et que du coup ça n'a aucun charme car elles sont toutes les deux strictement identiques. On voit donc que l'intérêt du canon ne consiste pas en une imitation exacte, c'est beaucoup plus intéressant quand chaque voix apporte sa propre expressivité, comme un vrai dialogue. Je vous laisse juger par vous-même :
Voici l'interprétation qu'en fait l'ensemble Voices of Music (la tête de la positiviste me disait bien quelque chose : il s'agit effectivement de la flûtiste à bec Hanneke van Proosdij) :
Et une autre purement flûtes à bec avec cet ensemble taïwanais :
Je n'ai jamais douté du sérieux de vos présentations qui doivent vous prendre beaucoup de temps.
RépondreSupprimerC'st bien de faire des rappels de définitions de ce que l'on a l'impression de connaître. on y apprend toujours quelque chose que l'on ignorait.
Votre famille de flûte est bien sympathique.
Merci, ces retours me sont précieux :-)
RépondreSupprimerMerci Léone pour cette sonate en canon, je vais la proposer à ma prof qui adore Telemann. Je n'ai pas retrouvé le fil de nos anciennes conversations mais peu importe. Bonne journée Déborah
RépondreSupprimerApparemment ma prof aussi adore Telemann !
RépondreSupprimerLe fil est ici : http://flutabek.blogspot.com/2018/05/les-flutes-de-leone.html
Merci Léone. Oui les profs adorent Télémann car il y a tout ce qu'il faut pour travailler et c'est très "flutistique" par rapport à beaucoup de partitions transcrites du violon. Je pense avoir trouvé des partitions sur free.score "sonate ou canon", je pense que c'est ça avec un sigle qui ressemble à un da capo qui est sans doute le départ de la 2ème voix ... ? Je vais déchiffrer ça pour me rendre compte.
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