lundi 21 mai 2018

Arvo Pärt

Je ne suis pas forcément fan de musique contemporaine, bien qu’appréciant certains compositeurs ou compositions qui me plaisent ou parfois m’amusent, soit à entendre soit à jouer, parfois les deux.
Mais un compositeur contemporain touche et émeut profondément quelque chose en moi : Arvo Pärt.

Je l’ai découvert il y a quelques années avec une pièce jouée en ensemble de quatre flûtes à bec SATB (*), Pari Intervallo, que je vous laisse écouter avant toute chose.


Sur cette toile de fond empreinte de sérénité et d’une sorte d’abandon, s’élève la voix de soprano comme une note d’espoir et de confiance venue de l’au-delà...

Cet enregistrement est extrait de l’album Spektren du quatuor Quartetto con Affetto, dont je vous reparlerai certainement car il figure au nombre de mes cédés préférés.


Arvo Pärt est né le 11 septembre 1935 à Paide, en Estonie. Il est souvent associé au mouvement de musique minimaliste qui s'est formé à partir des années 1960.

Enfant, il suit des cours de musique après l'école et apprend les bases du piano et de la théorie musicale. À la maison, il ne dispose que d'un vieux piano à queue dont seuls les registres extrêmes peuvent être joués convenablement, ce qui le pousse à l'expérimentation et à inventer ses propres œuvres.

Il entre ensuite à l'École secondaire de musique, apprentissage interrompu au bout de quelques mois par le service militaire obligatoire au cours duquel il joue de la caisse claire et du hautbois dans la fanfare. Il retourne à l'École secondaire de musique de Tallinn où il assimile facilement toute idée nouvelle (dont le dodécaphonisme), particulièrement le peu de musique occidentale qu'il peut entendre. Il fait déjà preuve d'un talent évident et naturel pour la composition ; un de ses compagnons d'étude déclare même qu'il « semblait secouer sa manche et des notes en tombaient ».

Opéra national d'Estonie
(src: Philarmonie de Paris)
Il entre ensuite au conservatoire de Tallinn. Parallèlement, il occupe de 1958 à 1967 un emploi d'ingénieur du son à la radio estonienne.
En 1962, l'une de ses compositions écrite pour chœur d'enfants et orchestre, Notre jardin (1959), le fait connaître dans toute l'Union soviétique et lui permet de remporter le Premier Prix des jeunes compositeurs de l'URSS. À cette époque, il compose de la musique pour le théâtre, et reçoit également de nombreuses commandes de musiques de film. Quand il sort diplômé du conservatoire de Tallinn en 1963, sa carrière professionnelle de compositeur est déjà bien amorcée.

Après une période sérielle jusqu'en 1968, et une période transitoire (troisième symphonie), mais aussi de doute et de stérilité artistique, s'ouvre en 1976 une période inspirée par son étude du plain-chant grégorien et des compositeurs médiévaux français et flamands. Il appelle cette technique tintinnabuli et la définit ainsi :

Ici je suis seul avec le silence. J'ai découvert qu'il est suffisant quand une note simple est admirablement jouée. Cette note, ou un battement silencieux, ou un moment de silence, me soulagent. Je travaille avec très peu d'éléments - d'une seule voix, avec deux voix. Je construis avec les matériaux les plus primitifs - avec la triade, avec une tonalité spécifique. Les trois notes de la triade sont comme des cloches. Et c' est pourquoi je l'appelle tintinnabuli.

L'année suivante, il écrit dans ce nouveau style trois de ses pièces les plus importantes et reconnues : FratresCantus in Memoriam Benjamin Britten et Tabula rasa.


En 1980, accompagné de sa famille, il quitte son pays - il est en proie à la censure - pour Vienne, puis pour Berlin-Ouest. Il revient ensuite en Estonie et vit désormais à Tallinn.

La musique d’Arvo Pärt se caractérise par une écriture minimaliste, une musique épurée qui donne une impression de simplicité.
Le premier élément est l'utilisation de rythmes simples tels que « noire, blanche, noire, blanche » ou « blanche, noire, blanche, noire ». Le second élément est le fameux style tintinnabuli. Cette écriture s'inspire du son de la clochette, lorsqu'un instrument - quel qu'il soit - articule son jeu entre trois notes principales, celle de l'accord parfait d'une gamme. Cette simplicité se retrouve également dans l'utilisation de notes récurrentes et d'une certaine stabilité de la gamme. Arvo Pärt n'utilise pratiquement jamais de modulations.

Je pourrais comparer ma musique à une lumière blanche dans laquelle sont contenues toutes les lumières. Seul un prisme peut dissocier ces couleurs et les rendre visibles : ce prisme pourrait être l'esprit de l'auditeur - Arvo Pärt.


« Il y a dans la musique de Pärt une présence mystérieuse qui vient se déposer dans l’âme de celui qui écoute, une rencontre entre l’infiniment grand que ces nappes sonores étirées viennent symboliser et notre humanité marquée par la finitude que figurent ces notes qui se répètent dans des séquences toutes simples ». (François Huguenin)

(*) Soprano - Alto - Ténor - Basse

2 commentaires:

  1. Merci pour ce "pari intervalli" que je ne connaissais pas. Je ressens bien cette présence mystérieuse lorsque j'écoute cette musique et j'aime le style simple "tintinnabuli" qui caractérise certaines œuvres d'Arvo Pärt :)

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  2. Oui, cette apparente simplicité ne veut pas dire que c'est facile à composer, c'est juste très réussi ;-)

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