Le répertoire de la fûte à bec
s’étend depuis le Moyen-âge jusqu’à la fin de l’époque baroque, où elle a
honteusement été remplacée par la flûte traversière, plus puissante, plus
brillante.
Elle a heureusement été
redécouverte au XXe siècle d’abord en tant qu’instrument, puis par des
compositeurs qui lui ont redonné vie en lui faisant
faire un peu n’importe quoi donnant de nouveaux modes d’expression
parfois très audacieux pour une vieille dame.
Autant dire clairement que je ne
suis pas sensible à tous les sons qu’on peut extirper de toutes les manières
possibles de cet instrument. J’ai besoin que ça soit quand même un minimum
mélodique, bien que ça puisse parfois être amusant à jouer (mais pas forcément
à entendre, les deux n’étant pas nécessairement liés).
Parmi les pièces contemporaines
que j’aime beaucoup, je vous présente aujourd’hui Les Barricades, composée en
1989 par Matthias Maute, flûtiste à bec et compositeur allemand né en 1963. Il
est aussi le directeur artistique de l’ensemble Caprice, dont vous pouvez aller
écouter quelques extraits de cédés ici.
Je vous laisse écouter et on en
reparle après :
Assez prenant, n’est-ce
pas ?
Mais pourquoi ce titre, Les
Barricades ?
L’origine en est un rondeau pour
clavecin composé par François Couperin en 1717, « Les Baricades
Mistérieuses ». Couperin avait pour habitude de donner des titres
énigmatiques et poétiques à ses pièces (comme « Les coucous
bénévoles », « Les Trésorières Surannées »,…) qui font peut-être
référence à des jeux de mots courants à son époque. Le terme
« barricades » pourrait être une métaphore évoquant les cils des
dames ou même leurs corsets, ou bien une référence à la forme musicale de la
pièce dont les mains gauche et droite, au vu de la partition, forment des
enchevêtrements faisant penser à une barricade. On n’est sûr de rien cependant
et les hypothèses sont nombreuses…
Écoutons donc l’interprétation
qu’en fait György Cziffra (j’ai choisi une
version piano plutôt que clavecin, que je trouve finalement moins agréable) :
Cette pièce a inspiré de nombreux
musiciens contemporains, tout au moins par son titre qui a également été
utilisé par plusieurs poètes, écrivains et même peintres.
The Mysterious Barricades de René Magritte (1961) |
Mysterious Barricades de William Andrews (2003) |
Excellent article pour fêter le cinquantenaire de mai 68, ma chère Léone :-D
RépondreSupprimerC'était involontaire, j'avais juste cette musique dans la tête hier en attendant mon train, mais ça tombe bien effectivement !
SupprimerQuelle joie ce matin de découvrir votre blog pour la flûte à bec. Je vous ai mis en lien chez moi immédiatement et à mon retour, j'ai vu 'La maison de Milly' déjà dans vos liens. J'ai une flûte à bec et une méthode dont je remets toujours à plus tard l'apprentissage. J'ai quelques notions de piano. J'ai pu entendre une belle pièce classique de Bach par une jeune flûtiste qu'on peut vois en marge des Barricardes..Bref, je suis bien contente d'avoir un lieu ou entendre parler et jouer de la flûte à bec! Voilà! :)
RépondreSupprimerMerci Milly !
SupprimerOui effectivement, on a peu de lieux où partager autour de cet instrument !
Je viens seulement de créer ce blog mais j'aimerais l'utiliser pour aider à faire découvrir le magnifique répertoire de la flûte à bec :-)
ET merci pour le lien !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup "Les barricades mystérieuses" de Couperin, moins la version flûte à bec où je ne reconnais pas vraiment le thème mais les gens dans la salle avaient l'air d'apprécier en tout cas :)
RépondreSupprimerC'est vrai que c'est parfois difficile de reconnaître un thème connu qui a servi de base à une oeuvre contemporaine.
RépondreSupprimerPar exemple, si je n'avais pas lu que c'était le thème de Greensleeves qui avait servi de base à la chanson "Amsterdam" de Jacques Brel, je ne l'aurais pas reconnu (alors qu'en le sachant, si).
En effet, quand je l'ai appris, moi aussi j'ai été surprise, j'ai réécouté "Amsterdam" et oui,c'est évident quand on le sait ;)
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