vendredi 22 juillet 2022

Autour de Purcell #3 : Dowland et des corbeaux

Première et deuxième parties du stage de la Pentecôte (2019) : ici et ici

src: last.fm
Durant ces trois après-midi de travail en ensemble, nous avons bien sûr travaillé quelques autres pièces, comme What if I never speede de John Dowland (je vous ai déjà parlé de lui dans cet article et je ne vais pas refaire sa bio). Cette pièce est extraite du Third and Last Book of Songs and Aires publié en 1603. Il s'agit d'une chanson d'amour somme toute assez banale où l'auteur espère être aimé en retour.

L'ayre est une interprétation vocale généralement accompagnée au luth, qui tire essentiellement ses origines de l'air de cour français. De la fin du XVIe siècle aux années 1620, les ayres sont très populaires en Angleterre suite à la publication du recueil First Booke of Songs or Ayres de John Dowland.

Voici deux versions vocales aux caractères vraiment différents. La seconde, plus pétillante, donne une meilleure idée de ce que ça peut donner à plusieurs instruments.





J'y ajouterai la petite perle du jour, avec le sympathique consort de flûtes à bec amateur (c'est du moins ce que je déduis de l'écoute - et du visionnage - de la vidéo) Ars Nova :




Avant de vous parler enfin de Monsieur Purcell (dans un quatrième article), il me reste encore une pièce à évoquer (ce serait dommage de ne pas le faire car c'est celle-là qui va vous empêcher de dormir cette nuit) : The Three Ravens (Les Trois Corbeaux)

src: lookandlearn.com
Il s'agit à la base d'une romance populaire anglaise comme on les aime, dont la première trace écrite remonte à 1611 et qui a donné naissance à des tas de versions.
 
Cette chanson raconte une histoire désopilante : trois corbeaux sont installés sur un arbre et se demandent ce qu'ils vont manger pour leur petit déj, quand l'un d'entre eux repère dans l'herbe verte un chevalier fraîchement occis. Malheureusement pour eux, des chiens, des faucons et une biche enceinte vont s'interposer et la biche va se charger d'enterrer le chevalier avant de décéder elle-même (mais ? peut-être n'était-ce pas réellement une biche ?). Je vous laisse chercher les paroles si ça vous dit, elles sont faciles à trouver.

Il existe une variante avec seulement deux corbeaux, où la biche est une vraie femme mais infidèle et le corps du chevalier n'est pas enterré mais proprement nettoyé par les emplumés.

La mélodie de 1611 apparaît donc dans un recueil de chansons du compositeur Thomas Ravenscroft (vous aussi vous avez remarqué, hein ?) intitulé Melismata. 

Thomas Ravenscroft (1582-1635) est un compositeur et théoricien anglais connu pour son recueil de psaumes Whole Booke of Psalmes ainsi qu’à ses anthologies de chansons populaires, destinées à un public de la classe moyenne plutôt qu’aux élites plus «éduquées». On sait peu de choses sur lui, sinon qu’il était maître de chapelle au Christ’s Hospital de Londres et qu’il a sans doute chanté dans le chœur de la Cathédrale Saint-Paul, où il a reçu sa formation musicale.

Deux versions très différentes, la deuxième avec de la... flûte à bec !



par l'ensemble Tarleton's Jig


Une petite dernière chantée par Andreas Scholl, dans un tout autre style mais magnifique (comme toujours) :

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