mercredi 20 juillet 2022

Autour de Purcell #1

En faisant du ménage dans mes articles à peine entamés et jamais terminés, j'en retrouve un qui est tellement avancé que ce serait dommage de s'en débarrasser. Alors évidemment, l’événement date un peu (de toutes façons, que s'est-il réellement passé ces trois dernières années ?), mais la musique qu'on y a jouée n'en est pas beaucoup plus ancienne qu'elle ne l'était en 2019. Voici la chose, que je laisse dans son jus.


Si je tente de rattraper mon retard en respectant l'ordre chronologique, il me faut commencer par le stage de Pentecôte (on a déjà changé trois fois de saison depuis).

Il s'agissait donc d'un stage de musique ancienne organisé à Paris du 8 au 10 juin 2019, réunissant professeurs et élèves de plusieurs instruments : flûte à bec, traverso, clavecin, viole de gambe, harpe baroque et voix. Les professeurs de flûte à bec (instrument le plus représenté) étaient Clémence Grégoire et Nicolas Rosenfeld

Le programme quotidien de ce stage réparti sur trois jours était le suivant :

- Le matin, un cours particulier (ou en ensemble pour certains) avec l'un des deux profs ; le reste de la matinée était à occuper à son gré, le mieux étant de se trouver une salle pour travailler mais ça n'a pas toujours été facile.

- À midi, une conférence les deux premiers jours et un concert entre nous le troisième.

- L'après-midi, répétition d'orchestre en tutti et répétitions d'ensembles, concert public le dernier jour.

Pour la masterclass, j'ai été affectée à Nicolas Rosenfeld. Je devais préparer une ou plusieurs pièces et j'avais donc prévu la Fantaisie n°10 de Telemann, et après un échange d'emails où Nicolas me demandait de prévoir aussi une pièce avec basse continue, j'avais choisi une sonate de Jean-Baptiste Loeillet de Gand, la sonate opus 3 n°9, que j'avais en fait très moyennement travaillée.

Je n'ai pas trouvé d'interprétation de cette sonate, mais en la cherchant je suis tombée par hasard sur celle que j'avais jouée à mon examen de fin de Ier cycle au conservatoire de Perpignan... que de souvenirs ! Je vous la mets pour le fun, et pour écouter Jean-Baptiste :


Mais revenons à nos moutons œillets notre sonate, qui est finalement la seule des deux pièces que nous ayons travaillée en axant le cours sur l'ornementation et plus spécifiquement sur l'ornementation improvisée, ce qui était vraiment très intéressant (c'est de toutes façons toujours enrichissant de changer de prof).

L'ornementation, essentielle en musique baroque, consiste à ajouter à la mélodie qui est écrite des notes qui ne figurent pas sur la partition, destinées à embellir la ligne mélodique de base. On ne peut évidemment pas ajouter n'importe quelles notes, il faut quand même respecter l'harmonie (la tonalité de la pièce et les accords de la ligne de basse) même si l'effet est parfois d'introduire des dissonances passagères (et maîtrisées). Il faut aussi respecter la mesure : si on ajoute des notes, il faut évidemment diminuer la durée de celles qui existent déjà, sinon ça serait le bazar avec les autres voix.
Nicolas Rosenfeld propose d'ailleurs sur sa chaîne ioutioub Les Curiosités Musicales une série de vidéos consacrées à l'ornementation.

Nous avons travaillé deux mouvements de cette sonate, la sarabande (mouvement lent) et la gigue (rapide) (définition de la sonate baroque à relire ici). À l'issue de ces trois cours, nous avions la possibilité de jouer devant nos camarades les pièces travaillées en cours, ce que j'ai trouvé plutôt sympathique, car cela a permis d'entendre ce qui s'était passé en dehors des sessions d'ensemble et de mieux faire connaissance avec chacun, sans jugement puisque les niveaux étaient très disparates. Nicolas m'a accompagnée à la basse et j'ai réussi à caser quelques unes des ornementations que nous avions vues, avec un petit incident sur la gigue : j'avais scotché ensemble les 4 pages de la partition, installées sur deux pupitres, mais ma presbytie m'impose d'être bien en face pour voir net et ça a commencé à se gâter au milieu de la 3ème page. Mes doigts ont continué à jouer des notes faisant illusion jusqu'en haut de la 4ème page, mais là il a quand même fallu que je m'interrompe pour tirer la partition vers moi car je n'étais plus franchement dans l'harmonie !

Le premier midi (samedi), Caroline Lieby nous a fait une démonstration de harpe baroque triple, qui a donc trois rangées de cordes (au lieu d'une pour la harpe classique) et pas de pédale. J'ai vraiment adoré le son de cet instrument, dont la maîtrise n'est vraiment pas à la portée du premier venu (Caroline est d'ailleurs l'une des seules en France à savoir en jouer).

Je vous laisse découvrir le son magnifique de cet instrument :


Et voici une interview où Caroline nous en dit un peu plus :



Le deuxième midi (dimanche), nous avons eu une conférence sur la basse continue, sujet qui mériterait un article à lui tout seul. Pour résumer, à partir de la fin du XVIe siècle et pendant toute la période baroque, les compositeurs écrivaient généralement l'accompagnement de la mélodie sous la forme d'une ligne de basse, qui devait ensuite être "réalisée" par le continuiste (claveciniste, organiste, violiste, ...), c'est à dire en gros qu'il devait choisir des accords sur la base de cette ligne de notes simples, en respectant les règles de l'harmonie. Cela pouvait être préparé, mais aussi souvent improvisé. Cette pratique a disparu après la période baroque, pour donner lieu à une écriture complète de l'accompagnement.

Pour en savoir plus : http://www.helenediot.com/le-blog-du-clavecin/la-basse-continue

Les après-midi étaient consacrés à la musique d'ensemble : orchestre et petits ensembles, mais nous verrons cela dans un prochain article (bientôt ou dans trois ans).

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