vendredi 1 juillet 2022

Fin de 2ème cycle : mon programme

Puisque de toutes façons je n'ai pas encore réussi à me débarrasser de toute cette musique jouée depuis des semaines qui me trotte encore nuit et jour dans la tête, autant vous en faire profiter, c'est toujours l'occasion d'écouter des jolies choses (jouées par d'autres, donc) (de toutes façons le préposé familial à l'enregistrement de ma prestation a oublié de sortir son téléphone, captivé sans doute qu'il était par l'ambiance de malade qui régnait sur scène et dans la salle).

Mon programme de fin de 2ème cycle était donc le suivant :

Pour me chauffer les doigts, j'ai commencé par le fameux morceau dit "en autonomie", c'est à dire donné une semaine avant l'examen (en réalité dix jours), à préparer tout seul avec soi-même sans aucune aide ni intervention du professeur. Comme il s'agit d'une pièce baroque italienne anonyme, je n'ai bien sûr pas non plus pu l'écouter (mais ç'aurait été de la triche) ni ne peux vous la faire écouter. J'avais zappé la seule indication donnée par ma prof : il s'agissait d'une pièce italienne, et du coup je l'ai traitée comme de la musique française ou allemande en inégalisant fortement les croches (le jury - bien qu'ayant apprécié ce choix - m'a quand même fait remarquer qu'à force ça finissait par ressembler à une java) et en ornementant les reprises dans la même veine.

J'ai poursuivi par le morceau imposé aux deux candidats de ce niveau : deux mouvements d'une sonate baroque à l'alto : Vivace et Fugue de la sonate n°VI d'Il Pastor Fido de Nicolas Chédeville. Il Pastor Fido est un recueil de six sonates pour flûte à bec et basse continue publié en 1737, longtemps attribué à Vivaldi, possiblement de la volonté même de Nicolas pour une raison obscure.

Nicolas Chédeville (1705-1782) dit "le Cadet" est un compositeur, hautboïste, musettiste (ça se dit ?) et éditeur français, dont les deux frères, Pierre et Esprit-Philippe, sont aussi des musiciens connus. Les Chédeville sont reliés à l'illustre famille Hotteterre, célèbre dynastie de musiciens, facteurs d'instruments et interprètes qui sont à l'origine de la grande tradition des bois en France.

À la mort de son oncle Louis Hotteterre  en 1732, Nicolas lui succède à l’orchestre royal de l’Opéra et au sein des Grands Hautbois de l'Écurie, jusqu'en 1748. Il se marie à 70 ans avec la fille de son valet, connaît des difficultés financières, se sépare de sa femme et reprend en 1777 la charge de musicien auprès des Grands Hautbois. Il meurt cinq ans plus tard. 
Outre le hautbois, Nicolas aimait aussi beaucoup la musette et la vielle à roue, assez populaires dans les années 1720, et même la flûte à bec !

Je vous fais écouter la version de ce cher Frans Brüggen qui est finalement ma préférée. N'hésitez pas à aller écouter les deux autres mouvements, ils sont très bien aussi !




J'ai poursuivi par un set de 3 pièces irlandaises du XVIIIème siècle, anonymes, tirées du recueil High Road to Kilkenny des Musiciens de Saint-Julien, à la soprano, choisis par moi-même. Je vous ai déjà parlé ici de ce recueil et du cédé associé. Sur le cédé et la partition il y a en réalité 4 pièces mais je n'ai pas joué la dernière, et j'ai fait une sorte de petit parcours personnalisé entre les 3 premières (High Road to Kilkenny, Toss the Feathers et The Mill Stream). Du coup je me suis pas mal éloignée de la version des MSJ, dont vous pourrez vous régaler ci-dessous :



Ma prestation individuelle étant terminée, j'ai pu aller m'affaler dans les gradins en tentant de ralentir mon rythme cardiaque, mais il me restait quand même encore deux prestations collectives à assurer.

La pièce d'ensemble, car il en faut une, rassemblait les deux prétendants au 3ème cycle de flûte à bec et l'une de leurs deux homologues clavecinistes : la Treccia de Tarquinio Merula, avec deux sopranos et un clavecin, donc. Après une seule répétition à trois, on ne s'attendait pas à des miracles surtout que la mise en place était assez délicate avec les deux voix de flûte qui se répondent tout le temps. Le résultat fût à la hauteur de nos non-espérances...

Tarquinio Merula (1595-1665) est un compositeur, violoniste et organiste italien qui a principalement exercé comme maître de chapelle et organiste dans diverses villes d'Italie et quelques années en Pologne. Sa carrière est émaillée de conflits avec ses différents employeurs. 

Il a joué en ce début de période baroque un rôle important pour le développement de certaines formes musicales (cantate, aria, sonates da chiesa et da camera, variations sur une basse obstinée...). Il a écrit de nombreuses canzone (composition polyphonique avec une entrée décalée des voix en imitation), dont cette Treccia


Je jouais la deuxième voix de flûte, comme Julia Andres (enfin pas exactement comme elle malheureusement, je veux dire que moi aussi je jouais la 2ème voix) sur la vidéo que voici :



Après toutes ces réjouissances, j'ai enfin pu me détendre un peu sur scène en accompagnant à la soprano la seconde claveciniste sur son épreuve de continuo avec un extrait de Didon et Énée de Purcell, que je connaissais presque par cœur pour l'avoir joué en concert cette année, et sur un tempo quasiment divisé par deux. Rien que pour vous, une petite version sans flûte à bec (Hanneke nous est encore infidèle, mais je vous posterai très bientôt une de ses prestations à la flûte à bec) :


J'ai fait promettre à Sabrina, ma prof dévouée, de me rappeler de lui dire non quand elle me proposera de passer l'examen de fin de 3ème cycle. M'enfin bon, je me connais.

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