jeudi 15 novembre 2018

Enfin !

Me rendant la semaine dernière au magasin de musique faire l'emplette d'un instrument dont je vous parlerai plus tard, alors que je patientais à la caisse, mon œil pourtant dépourvu de lunette fut attiré vers un présentoir empli de brochures vertes et jaunes complètement floues. Une irrépressible intuition dirigea alors ma main vers l'un de ces opuscules, et quelle ne fut pas mon allégresse : Les Musiciens de Saint-Julien avaient enfin publié les partitions de The High Road to Kilkenny 💕

Ayant déjà en ma possession celles de For Ever Fortune, que j'exploite allègrement, j'attendais cette parution avec impatience depuis la sortie du cédé.
L'avantage est que j'ai eu plusieurs années pour me faire l'oreille à ces mélodies que j'écoute souvent, et ça facilite évidemment le jeu.

The High Road to Kilkenny est donc un recueil de musique ancienne d'Irlande des XVIIe et XVIIIe siècles, avec à la fois des poésies en gaélique mises en musique, raffinées et savantes, et des pièces plus récréatives de chansons et de danses. Toutes ces pièces, indépendamment de l'instrument pour lesquelles elles ont été écrites (harpe, violon, flûte, hautbois) se prêtent remarquablement bien à la flûte à bec, soprano ou alto, moyennant parfois quelques petites adaptations pour certaines notes qui sortent de notre ambitus.

Je me suis empressée d'en déchiffrer quelques unes, et force est de constater qu'elles ont l'air en moyenne plus difficiles que celles de For Ever Fortune. Je me consacre pour le moment à Sir Ulick Burke, à la soprano, que je vous fais entendre ci-dessous (dans la version originale) :





Il s'agit d'une pièce de Turlough O'Carolan (1670-1738) - en irlandais Toirdhealbhach Ó Cearbhalláin - dont je vous parlais déjà ici. La situation des musiciens en Irlande à cette époque était difficile et dépendait du patronage d'aristocrates comme ce Sir Ulick Burke dont il est question dans la chanson. O'Carolan, arrivant chez Sir Ulick au sortir d'une tempête de neige, se mit à chanter cette chanson et comme il était aveugle, il ne s'aperçut de la mort de son bienfaiteur que quand l'auditoire commença à pleurer en entendant chanter son nom.


Vous pourrez voir et entendre Les Musiciens de Saint-Julien interpréter les titres du cédé (et aussi certains de For Ever Fortune) en décors naturels irlandais sur ce magnifique film d'Arte (Sir Ulick est à 24:15) :


Le recueil de partitions peut être commandé sur le site des Musiciens de Saint-Julien.

jeudi 1 novembre 2018

Festivals d'automne #2 (The Curious Bards)

Je vais vous parler aujourd'hui d'un concert entendu le 2 octobre au Festival Baroque de Pontoise, à Pontoise (ce qui n'est pas si évident que ça en a l'air car ce festival est réparti sur de nombreux sites du Val d'Oise et pas seulement à Pontoise). J'ai parfaitement le droit d'en parler ici car il y avait des flûtes dedans, même si pas à bec, mais presque avec le tin whistle.

Je pensais jusqu'à présent que seuls les Musiciens de Saint-Julien s'étaient intéressés aux répertoires écossais et irlandais du XVIIIe, or il n'en est rien : les Curious Bards (*) aussi.
Cet ensemble a été fondé en 2015 par le violoniste Alix Boivert, qui rassemble autour de lui un flûtiste - traverso et tin whistle (Bruno Harlé), une gambiste (Sarah van Oudenhove), Jean-Christophe Morel qui joue du cistre irlandais baroque et Louis Capeille à la harpe triple baroque. Sur ce programme est aussi invitée la mezzo-soprano Ilektra Platiopoulou.

L'objectif de l'ensemble est donc de remettre en lumière la musique écossaise et irlandaise du XVIIIe siècle, qui constituait à l'époque une grande partie du patrimoine culturel de ces pays mais qui, malheureusement, n'a pas toujours été bien conservé à cause en particulier des conflits avec l'Angleterre, cette dernière n'ayant bien sûr pas intérêt à voir se propager et se perpétuer les mythes traditionnels et les langues régionales.

Un petit avant-goût de ce programme :



Et un échantillon de ce premier cédé [ex]tradition - dont le concert reprenait les titres, qui je l'espère sera bientôt suivi par d'autres.

A set of three irish airs


Since sounding drums (irish air)

Après environ 15 minutes de concert, l'alarme incendie a retenti de façon péremptoire dans la salle, invitant tout le monde à sortir sans délai. Il s'agissait finalement d'un dysfonctionnement du système, mais il a quand même fallu attendre 30 minutes que les pompiers viennent vérifier qu'il n'y avait effectivement aucun danger. Pour l'anecdote, l'alarme s'est déclenchée pendant la suite Highland Battle, qui retrace en 8 mouvements le déroulement d'une bataille, et justement pendant le mouvement The Retreat (la Retraite), ce qui a fait dire à Alix Boivert qu'il n'avait jamais eu un public aussi réactif...

Pour en apprendre un peu plus, voici deux vidéos de présentation de l'ensemble et de sa démarche :




(*) le barde était chargé, dans les sociétés celtes de l’Antiquité, de perpétuer la tradition orale notamment par la musique et le chant.

lundi 15 octobre 2018

J'aime un visage pâle (Belo lice ljubam jas)

Je continue la série des petits articles rapides à écrire (enfin ça, c'est qu'on pense avant d'être dedans et de se rendre compte que quand on tire sur un fil, c'est toute la bobine qui vient avec), pour des raisons de planning compliqué qui me laissent peu de temps. Je sais que j'ai des séries à finir, mais cela viendra en son temps.

En plus de jouer de la flûte à bec, je chante dans l'ensemble vocal Brice Chœur de mon conservatoire et ce dimanche, nous donnions un concert en association avec le trio instrumental familial Cosmélodies, composé de ma chef d'orchestre Tiffany (violon), de son mari mon chef de chœur Umbaja (hautbois) et de la sœur de ce dernier Urmina (violoncelle), tous brillants, qui ont assuré la première partie avec un programme cosmopolite (d'où le nom de l'ensemble).

Le répertoire de notre chorale est également tout à fait cosmopolite et nous chantons dans un nombre de langues insensé, en particulier TOUTES les langues d'Europe de l'Est, mais pas que. Le concert avait lieu à l'Église Notre-Dame des Missions à Épinay-sur-Seine, elle-même complètement... cosmopolite. Cette église a été tout d'abord édifiée au bois de Vincennes pour l'exposition coloniale internationale de 1931, puis reconstruite en 1932 à Épinay. Son look extérieur est un mélange audacieux de pagode chinoise, architecture africaine, clocher en forme de minaret... Elle est également superbe à l'intérieur, mis à part l'acoustique avec une réverbération effroyable (une note dure 4 secondes).

Non, je n'ai pas oublié que ce blog traite de flûte à bec, et j'y viens. Nous sommes plusieurs choristes à jouer également d'un instrument, et certains chants bénéficient d'un accompagnement instrumental, en général guitares, hautbois joué par Umbaja et en l'occurrence violon puisque nous avions Tiffany, et pour la première fois une... flûte à bec ! Bon, je n'étais concernée que par une seule chanson, mais c'est un début.

Paysage de Macédoine
La chanson en question est macédonienne, chantée en macédonien donc, et s'appelle Belo lice ljubam jas, ce qui veut dire J'aime un visage pâle (ça pourrait être un tire amérindien, mais non). Je n'ai joué que la phrase d'intro, qui intervient avant chaque couplet, puisque entre temps je chantais aussi, et d'ailleurs ce n'est pas si facile que ça d'enchaîner directement les deux.


Voici donc un aperçu de la chanson en question, dont on peut trouver pas mal de versions dont certaines vraiment très kitsch (je vous ai mis une des moins pires). Vous reconnaîtrez facilement la phrase d'intro.

dimanche 7 octobre 2018

Festivals d'automne #1

Après deux semaines, en vrac, de : maladie de saison, circonstances familiales délicates et kidnapping d'ordinateur, me revoici parmi vous. Je sais que vous êtes tous fort impatients de découvrir le déroulement de ma deuxième journée aux Blokfluitdagen, mais il va vous falloir attendre encore un peu.

L'automne voit revenir la saison des festivals, avec le Festival de Royaumont  et le Festival Baroque de Pontoise, qui sont d'habitude suivis de mon petit préféré, les Journées de Musiques Anciennes de Vanves, qui ont malheureusement été annulées cette année pour une raison mystérieuse, et à lire l'annonce sur le site, j'ai bien peur que ce soit définitif ce qui me rend vraiment triste. Outre la qualité et le nombre des concerts, dont les off gratuits, il y avait aussi un copieux salon des luthiers répartis dans trois salles. Jean-Luc Boudreau y venait tous les ans du Québec, et j'avais projeté cette année de lui acheter une soprano Renaissance Aesthé.

Je vous parlerai des deux concerts entendus dans le cadre de ces deux festivals, juste un peu plus tard car là tout de suite, je dois aller chanter dans un parc du XVe arrondissement en espérant que la pluie s'arrête. Mais je ne vous oublie pas.

samedi 22 septembre 2018

La flûte à bec à l'orchestre

En guise d'intermède au milieu de cette copieuse série sur les Blokfluitdagen, j'avais envie de parler un peu de la place de la flûte à bec (et du flûtiste) dans l'orchestre classique, là où justement ils n'ont normalement pas leur place.

Ça c'est quand même exceptionnel
Quand on apprend la flûte à bec dans un conservatoire ou une école de musique, la musique d'ensemble se fait en principe soit avec d'autres flûtes à bec (ensemble de flûtes, consort), soit avec d'autres instruments anciens (traverso, violon baroque, clavecin,...). Encore faut-il qu'il y ait a minima plusieurs élèves de flûte à bec d'un niveau relativement homogène, ou encore mieux, une section Musique Ancienne, ce qui est loin d'être le cas dans tous les conservatoires. Dans le petit conservatoire de ma petite ville, il n'y a ni l'un ni l'autre. 

Non non non, pas de flûte à bec
Heureusement, l'orchestre dit de troisième cycle (en réalité, orchestre d'adultes de tous niveaux) est très accueillant et j'y participe en tant que seule et unique flûtiste à bec parmi les violons, violoncelles, clarinettes, trompettes et hautbois. Lors de certains concerts peuvent s'y adjoindre les percus et guitares électriques de la section Musiques Actuelles et là, je crains qu'on ne m'entende pas beaucoup.

La flûtiste à bec perdue au milieu de l'orchestre classique peut se trouver confrontée à divers problèmes :

- Elle ne peut pas jouer la partition qu'on lui a donnée. En effet, le chef d'orchestre classique (ou d'harmonie, j'ai testé aussi) ne connaît généralement pas l'instrument. Il arrive donc qu'on se retrouve avec des notes injouables (trop hautes ou trop basses), des enchaînements de doigtés surréalistes (au delà de trois altérations à la clé, ça peut devenir compliqué avec nos fameux doigtés en fourche), des nuances impossibles à réaliser sans jouer faux (forte sur des notes basses, piano sur des notes hautes). Cela encourage l'esprit de débrouillardise : on saute des notes, on octavie des notes ou des mesures, on est parfois même obligé de travailler chez soi pour pouvoir enchaîner ces fameux doigtés (oui bon en réalité ça devrait être normal de travailler à la maison).

- On ne l'entend pas (ou alors elle croit qu'on ne l'entend pas). La flûte à bec est beaucoup moins sonore que les instruments "modernes", et si en plus la flûtiste est toute seule... Ça dépend un peu de la flûte utilisée : avec la ténor, on n'entend rien, avec la soprano, on entend éventuellement trop, avec l'alto ça dépend. 

- Elle ne s'entend pas. Avec une clarinette à gauche, un hautbois à droite et une trompette derrière, on ne s'entend pas forcément jouer, ce qui est plutôt handicapant. Il vaut mieux être sûr de soi pour ne pas se laisser déstabiliser, et finalement se perdre.

- Ses camarades d'orchestre pensent que son instrument est facile (sanglots).


Bon, tout ça peut faire un peu peur, mais moi franchement, j'adore l'orchestre.

En plus, dans le petit orchestre du petit conservatoire de ma petite ville, on a une petite chef d'orchestre vraiment géniale qui nous écrit à chacun des parties adaptées à son niveau, en se débrouillant pour que personne n'ait des ploumploums tout le temps mais au moins la mélodie de temps en temps. Comme je suis toute seule à la flûte à bec (je l'ai déjà dit, non ?), il arrive régulièrement que ma voix soit assez exposée (et là, on m'entend très bien). Mais au moins, c'est du sur-mesure et ça m'évite de me retrouver avec une partition de trompette ou de hautbois comme ça a pu m'arriver dans d'autres formations.

Et aussi, participer à un ensemble avec d'autres instruments que des flûtes à bec me permet de sortir du répertoire de la musique ancienne et de jouer plein de styles de musique différents. Je vais vous en donner un petit aperçu, qui bien sûr n'aura rien à voir avec notre interprétation (on serait généralement un tout petit peu en dessous au niveau du tempo...).


Odessa Bulgarish, musique Klezmer



Polka, Dmitri Chostakovitch



Estes Indiferente, Traditionnel cubain



Danse slave n°1, Antonin Dvořák



Respect, Otis Redding

dimanche 16 septembre 2018

Blokfluitdagen 2018 - Jour 1 - Le concert

Pour clôturer cette première journée déjà bien occupée, nous avons pu assister à un concert de l'ensemble Odyssee de la flûtiste à bec Anna Stegmann. Jouer de la flûte à bec devant une salle presque intégralement remplie de flûtistes à bec doit avoir quelque chose de particulièrement... exaltant ?

Anna Stegmann est une flûtiste à bec d'origine allemande, qui vit à Amsterdam. Elle a appris à jouer de la flûte à bec dans son enfance avec sa grand-mère, et a commencé à prendre des cours seulement à 17 ans. En plus de son ensemble Odyssee, elle joue aussi avec le Royal Wind Music d'Amsterdam (article à venir !) et le trio Kaze pour la musique contemporaine. Elle enseigne à la Royal Academy of Music de Londres (mais habite à Amsterdam) (trop forte).

L'ensemble Odyssee a été créé en 2010 par Anna Stegmann et Andrea Friggi (le claveciniste). Avec leurs membres de base, Eva Saladin (violon) et Georg Fritz (flûte à bec et hautbois, qui n'était pas présent à ce concert), ils associent leur expertise de la pratique historique de la musique ancienne à leur désir de faire connaître un répertoire oublié. Pour le concert de Malines, il y avait un deuxième violoniste (Ivan Iliev), un altiste (David Alonso Molina) et une violoncelliste (Agnieszka Oszańca).

Le concert était intitulé Concerto for a Small Flute, Flûte à bec acrobatique sur la scène londonienne à l'époque de Haendel. Il était essentiellement consacré à William Babell, avec des intermèdes de Haendel, Sammartini et Vivaldi.

William Babell (1689 ou 90-1723) est un compositeur et musicien anglais. Son pète était bassoniste et il a été l'élève de Pepusch et peut-être de Haendel. Il jouait du violon, du clavecin et de l'orgue. Il a écrit beaucoup de transcriptions pour clavecin d'arias des opéras populaires de son époque et son style a été fortement influencé par Haendel.
William Babell a aussi composé des sonates pour flûte, violon et basse continue, des concertos et d'autres pièces. Ses mouvements lents sont considérés comme un bon exemple des pratiques d'ornementation et d'improvisation du début du XVIIIe siècle.

L'ensemble Odyssee a consacré un cédé à ses concertos op.3 pour violons et small flute.

J'ai beaucoup aimé ce concert (qui s'est terminé par une standing ovation)Anna Stegmann est quand même plutôt virtuose et on retient souvent son souffle. Je ne suis pas spécialement fan de la virtuosité quand elle s'exerce au détriment de l'expressivité, mais en l'occurrence celle-ci était bien présente. Le claveciniste Andrea Friggi est lui aussi très expressif et pas seulement par son jeu ! J'ai bien aimé aussi la belle énergie de la violoncelliste Agnieszka Oszańca.



Je n'ai pas pu trouver toutes les interprétations des pièces du concert par l'ensemble Odyssee, mais je vous ai bricolé un petit concert maison à partir du programme original, avec d'autres interprètes pour boucher les trous (et parfois aussi d'autres instruments).


William Babell - Concerto op.3 n°1
Ensemble Odyssee



William Babell - Concerto op.3 n°2
Ensemble Odyssee



Georg Friedrich Haendel - Triosonata HWV 386
Academy of St. Martin-in-the-Fields Chamber Ensemble



Giuseppe Sammartini - Concerto per Flauto
Andreas Prittwitz et le Lookingback Baroque orchestra



William Babell - Concerto op.3 n°4
Thierry Perrenoud et The Baroque Soloists of Amsterdam




(il me manque ici le Concerto op.3 n°3 de William Babell - je possède le cédé de l'ensemble Odyssee, mais j'ai un souci avec mon extracteur de cédé et ne peux vous insérer l'extrait - un jour peut-être ?)


William Babell - Sinfonia in A
Ensemble Odyssee



Antonio Vivaldi - Concerto per Flautino RV 443 (Allegro Molto)
Lucie Horsch



Antonio Vivaldi - Concerto per Flautino RV 443 (Largo)
Stefan Temmingh
(ce mouvement n'était pas dans le concert mais il est sympa aussi 😊)

mardi 11 septembre 2018

Blokfluitdagen 2018 - Jour 1 - Session 4 #2

La seconde pièce de la dernière session du vendredi était donc Le Doux Désir Douloureux de Jowan Merckx.

Je dois dire pour être honnête que cette pièce, jouée juste avant Foggy Dew et à la fin d'une journée bien chargée, ne m'a laissé quasiment aucun souvenir 😕
Comme j'ai conservé la partition, je peux voir que je l'ai jouée à l'alto (il n'y a pas de voix de soprano) et qu'elle est en 3/4, d'ailleurs le petit descriptif associé sur le tableau censé nous aider à choisir (sauf qu'il est tout en néerlandais et que, bien que l'ayant reçu sous forme excel avant de partir, je n'avais pas vraiment compris comment tout ça fonctionnait et je n'avais pas préparé mon choix) nous dit ceci : La mélodie ressemble à une valse tranquille, évoquant une basse obstinée. Cette version pour trois flûtes à bec a été arrangée par María Martínez Ayerza (Google is mijn vriend).

www.darkview.be
Comme je n'ai pas non plus réussi à en trouver une interprétation sur internet, je ne vais pas pouvoir vous la faire écouter, et son souvenir sera pour moi définitivement perdu. Je vais pouvoir par contre vous parler un peu de Jowan Merckx, et vous faire écouter d'autres de ses œuvres, parmi lesquelles certaines sont une belle découverte (j'adore ce blog).

Jowan Merckx est un compositeur et instrumentiste belge originaire du village de Boortmeerbeek (situé à une dizaine de kilomètres de Malines… que le monde est petit). Il apprend la cornemuse (en version locale) et la flûte à bec en autodidacte. Il joue à la maison pendant une quinzaine d'années, puis prend des cours pendant cinq ans. Il ressent le besoin de jouer avec d’autres et pour un public. Il participe à plusieurs ensembles (Capilla Flamenca, Zefiro Torna), et il crée en 2000 son ensemble Amorroma. Il est inspiré à la fois par le folk et par la musique ancienne. Il joue d'une douzaine d'instruments, mais la flûte à bec reste sa grande passion (quel homme de goût).

Amorroma (Amor, l'amour et Roma, la ville de Rome qui au temps des Cathares était le symbole des guerres, de l'argent, du pouvoir, le contraire de l'amour) est un ensemble à géométrie variable en fonction des besoins des différents albums. La musique est composée par Jowan Merckx qui joue la flûte à bec.

(je trouve que l'accompagnement est presque de trop sur ce morceau, la flûte à bec pourrait
se suffire à elle-même et l'ensemble donne une impression un peu brouillonne)




En 2006, les ensembles Amorroma, Zefiro Torna et le groupe de jazz Traces se rassemblent sur le cédé Tisserands, inspiré par les Cathares. En Flandre, les Cathares étaient appelés Phiphles (joueurs de flûte), et en France Parfaits ou Tisserands, d'où le titre du programme. On peut en écouter des extraits (superbes) ici.



On ne peut quasiment pas trouver de vidéo de l'ensemble Capilla Flamenca (La Chapelle Flamande) car cet ensemble a cessé ses activités, apparemment après la mort de son directeur artistique Dirk Snellings en 2014. Cet ensemble était spécialisé dans le répertoire franco-flamand du XVIe siècle. La vidéo ci-dessous est en anglais (avec l'accent flamand), mais je la trouve superbe. Dirk Snellings y présente la musique jouée par son ensemble, avec de belles images de la ville de Louvain (Leuven). Sur cette vidéo, le flûtiste à bec n'est pas Jowan Merckx mais Patrick Denecker.


dimanche 9 septembre 2018

Blokfluitdagen 2018 - Jour 1 - Session 4 #1

Pour cette dernière session de la première journée (voir la précédente), je n'ai pas hésité une seconde. J'ai choisi Foggy Dew, une ballade traditionnelle irlandaise que je connaissais 😍, arrangée par Pieter Campo, accompagnée d'une autre pièce, Le Doux Désir Douloureux de Jowan Merckx.
Mes recherches sur ces deux pièces m'ayant donné une profusion de fils à dérouler, je vais finalement écrire un article pour chacune d'elles, en commençant par Foggy Dew.

Foggy Dew (littéralement "Rosée Brumeuse") est l'une des chansons irlandaises les plus connues. Écrite en 1919 par le chanoine Charles O’Neill sur un air traditionnel,  elle évoque l’insurrection de Pâques 1916 (Easter Rising), point de départ de la guerre d’indépendance de l’Irlande.

Le 24 avril 1916, un groupe d’insurgés part à l’assaut de la Grande Poste de Dublin et proclame l’Irlande souveraine et indépendante. Mais six mille soldats britanniques répriment la rébellion pendant toute une semaine. Le bilan de cette répression : plus de 2600 blessés et 400 morts. Le gouvernement britannique, souhaitant éviter des récidives, traita durement l’affaire et prononça 90 peines de mort, dont celle des leaders de l’insurrection.

Les paroles de la chanson évoquent le déroulement de l'insurrection, et encouragent les irlandais à se battre pour la cause de l'Irlande et non aux côté des anglais.

Il existe des dizaines de versions de cette chanson, et je pense que comme moi, vous aurez du mal à vous la sortir de la tête après les avoir écoutées...

Je vous propose pour commencer une vidéo qui présente en incrustation un résumé des événements de ces "Pâques Sanglantes" :


Le long de la vallée, un matin de Pâques, je chevauchai vers la foire, à la ville
Là des lignes armées d'hommes à pied, en escadrons passèrent près de moi
Aucune cornemuse ne sonnait, aucun tambour de bataille ne faisait entendre son fort roulement
Mais la cloche de l'angélus par dessus les eaux montantes de la Liffrey sonnait à travers la brumeuse rosée

Droit, fier et haut, par dessus Dublin, ils hissèrent le drapeau de guerre
Il valait mieux mourir sous le ciel irlandais qu'à Sulva ou Sud el Bar
Et, des plaines du Meath royal, des hommes courageux venaient, passant rapidement
Pendant que les vaisseaux de Grande-Bretagne, avec leurs grands canons, voguaient à travers la brumeuse rosée

Mais les plus braves tombèrent, et la cloche du requiem sonna lugubre et claire
Pour ceux qui moururent pendant ces Pâques, au printemps de l'année
Et le monde regarda, profondément étonné, ces hommes sans peur, bien que peu nombreux
Qui supportèrent le combat pour que la lumière de la liberté puisse briller à travers la brumeuse rosée

Nous avons donc joué un arrangement de Pieter Campo, compositeur et flûtiste à bec belge, qui participe également au festival en tant qu'animateur de sessions. Voici ce que ça donne avec un petit ensemble, nous étions plus nombreux mais sans les guitares.


Cette session était dirigée de nouveau par Carine Rinkes, comme la première de la journée.

J'ai écouté pour écrire cet article pas mal de versions de Foggy Dew, en voici quelques unes (pour vraiment bien vous le mettre dans la tête).




Et une petite dernière pour le fun 😄



Je termine avec une composition de Pieter Campo, Meditativo :

mercredi 5 septembre 2018

Blokfluitdagen 2018 - Jour 1 - Session 3

Après une petite demi-heure de pause, nous voilà repartis pour une nouvelle session (voir la session précédente). J'ai choisi cette fois Purcell et The Fairy Queen, non par esprit de découverte mais parce que j'aime beaucoup ce compositeur.

Henry Purcell (Londres 1659 - Westminster 1695) est un compositeur anglais qui associe la tradition musicale anglaise et les innovations italiennes et françaises. Il est issu d'une famille de musiciens professionnels, et c'est tout naturellement qu'il s'engage dès son enfance sur la voie familiale en entrant dans le chœur de la Chapelle royale. Lors de sa mue, il devient conservateur des instruments puis très vite compositeur ordinaire pour les violons. Enfin, le poste d’organiste de la chapelle de l’Abbaye de Westminster lui sera confié de 1576 jusqu’à sa mort à 36 ans, peut-être de tuberculose ou de surmenage.

Henry Purcell a été plutôt prolifique durant sa courte vie, mais il doit sa renommée essentiellement à ses œuvres vocales et théâtrales,  opéras et musiques de scène.

src: www.opera-online.com
La musique de scène pour The Fairy Queen (La Reine des Fées), qui est une adaptation du Songe d’une Nuit d’Été de Shakespeare, a été composée en 1692 et la partition a été redécouverte en 1901. L'œuvre combine une partie du texte de Shakespeare avec des masques, intermèdes musicaux mêlant musique, chants, ballets et scénographie. La musique de The Fairy Queen représente la nature et son univers onirique et allégorique à travers des personnages grotesques et des figures surnaturelles évoquant la Nuit, le Secret, le Mystère, le Sommeil et les quatre saisons, et aussi, sous forme parodique, l’éventail des sentiments amoureux. Ce genre typiquement anglais du semi-opéra était très populaire à l’époque de Purcell, et il faudra attendre l’arrivée à Londres de Haendel, vingt ans plus tard, pour que l’opéra soit intégralement chanté.

Nous avons joué une sélection d'extraits de The Fairy Queen, arrangés par Jan Devlieger qui dirigeait la session. Nous n'avons pas pu garder les partitions et je ne me rappelle plus exactement quels extraits nous avons joués. Il y avait le Rondeau, la Gigue, et Next, Winter Comes Slowly, plus au moins une autre pièce rapide.




L'interprète et possiblement aussi l'auteur de l'arrangement de ces interprétations est un dénommé Papalin, dont je ne sais... rien, si ce n'est qu'il a l'air assez asiatique et qu'il a un site internet plutôt rudimentaire. Étant donné qu'il est tout seul, je suppose qu'il a enregistré les 4 voix soprano, alto, ténor et basse séparément et les a mixées ensuite.

Histoire d'écouter une version avec un peu plus de... caractère, je vous mets le Rondeau et la Gigue par Jordi Savall (on ne se refait pas) :





Cette troisième session était donc dirigée par Jan Devlieger, flûtiste à bec, claveciniste, organiste, chanteur et professeur de flûte à bec et de clavecin au conservatoire de Bruges. Il est le fondateur de l'ensemble Les Goûts-Authentiques (dont j'ai d'ailleurs acquis un excellent cédé sur un stand du festival).

dimanche 2 septembre 2018

Blokfluitdagen 2018 - Jour 1 - Session 2

Malines, Le Petit Béguinage
Après un pique-nique et une pause déjà bien mérités dans les jolies rues ensoleillées de Malines, je suis allée revoir la liste des sessions proposées au tableau où elles étaient affichées. N'ayant pas eu de souci particulier lors de la session du matin, et les deux pièces m'ayant paru plutôt faciles, j'ai choisi parmi les options middelbaar : une pièce fin Renaissance-début du Baroque de Floriano Canale, la Averolda.
Je n'ai pas eu plus de chance que le matin quant à l'utilisation de l'alto (je soupçonne fortement Mesdames les altistes d'arriver très en avance afin de réserver leurs places), et j'ai donc encore une fois joué une voix de soprano (comme nous n'avons pas pu garder les partitions, je ne sais plus du tout s'il y avait plusieurs voix de soprano, mais je pense que non)

Brescia
Floriano Canale est un compositeur et organiste italien, et on pense qu'il était aussi médecin, à moins qu'il n'ait eu un homonyme vivant à la même période. Il est né, a vécu et est sans doute mort également à Brescia en Lombardie. On ne connaît pas précisément sa date de naissance, avant 1575 qui est la date de sa première composition, ni celle de sa mort, probablement après 1612 qui est la date de parution de son dernier traité, si c'est bien lui le médecin (il a écrit des traités sur la médecine, l'agriculture, la chasse, la musique et la théologie).

La Averolda est une canzone ("chanson" en italien),  qui est un genre de musique instrumentale italienne populaire aux XVIe et XVIIe siècles. La canzone instrumentale tire sa forme de la chanson polyphonique française, connue en Italie sous le nom de canzon(a) (alla) francese. Beaucoup des premières canzoni sont à l'origine des arrangements instrumentaux de chansons, présentant tour à tour des sections polyphoniques et homophoniques (reposant sur des accords). Le motif d'ouverture consiste traditionnellement en une note longue suivie de deux notes courtes de même hauteur. Bien que l'Italie demeure le principal foyer de la canzone, cette forme se diffuse à l'étranger, notamment en Allemagne.
À la fin du XVIe siècle, deux variantes apparaissent : les canzoni pour clavier et les canzoni pour ensemble instrumental. Les premières sont plus nettement polyphoniques et, par leur traitement fréquent d'un thème unique, annoncent la fugue. Le terme canzone fut d'ailleurs souvent utilisé comme synonyme de « fugue » en Allemagne au début du XVIIe siècle. 

Nous n'aurons pas la chance cette fois d'écouter cette pièce à la flûte à bec, mais les cordes c'est joli aussi 😊


Cette deuxième session du vendredi 24 août était dirigée par Marleen Leicher, qui est professeure de flûte à bec et de cornet à Anvers et à Woluwe-Saint-Lambert à côté de Bruxelles.

samedi 1 septembre 2018

Blokfluitdagen 2018 - Jour 1 - Session 1

Après cette brillante entrée en matière, est arrivé le moment crucial du choix de la première session. C'était la seule des deux jours (je n'ai fait que le vendredi et le samedi) où existait un niveau lager en middelbaar, c'est à dire intermédiaire entre bas et moyen. Comme je n'avais aucune idée des compétences attendues pour chaque niveau, j'ai joué la sécurité et commencé par cette session au programme de laquelle figuraient deux pièces : Kol Dodi de Peter Pieters et Courtly Masquing Ayres n°9 de John Adson.

Comme je n'avais que ma soprano en plastique, j'avais plutôt prévu de me positionner en voix d'alto, mais quand je suis arrivée dans la salle il y en avait déjà beaucoup, ce qui n'est pas étonnant car c'est généralement une voix plus "confortable" si on n'est pas trop sûr de soi : ce n'est souvent pas la voix principale et on l'entend moins que la soprano. Je me suis donc fait enrôler pour la 2ème voix de soprano (c'était juste en fonction de l'emplacement de ma chaise).

Nous avons donc commencé par Kol Dodi, un arrangement d'une danse traditionnelle israélienne réalisé par Peter Pieters, compositeur sur lequel il est très difficile de trouver des informations car il est éclipsé par un coureur cycliste néerlandais dont la notoriété paraît nettement supérieure. 

Peter Pieters
Mes investigations m'ont finalement permis de découvrir que Peter Pieters est titulaire de l'orgue de la cathédrale Saint-Rombaut (Sint-Romboutskathedraal Mechelen) de... Malines. C'est donc un organiste, concertiste, et qui compose de la musique vocale, de la musique de chambre, des pièces pour orchestre et pour chœur et orchestre. Il a composé en 1997 une oeuvre pour orchestre symphonique, orgue, synthétiseur et groupe de rock, commandée par le fabricant de haut-parleurs B & W. La performance a été réalisée par l'orchestre de l'Institut Lemmens de Louvain et enregistrée par les légendaires studios Abbey-Road pour EMI à Londres.

Tout permet donc de supposer qu'il a amicalement composé cet arrangement pour Blokfluitdagen (mais ça reste une supposition)

Kol Dodi est donc une danse traditionnelle israélienne, à l'origine plutôt chantée : 


Voix de mon bien-aimé, voix de mon bien-aimé
Voix de mon bien-aimé, le voici, il vient, 
Il saute sur les montagnes, 
Il bondit sur les collines.

J'ai trouvé une seule interprétation amateur à la flûte à bec, qui vaut ce qu'elle vaut, ça vous permettra de vous faire une idée :



Voici une autre version plus "pro", sur laquelle on entend quand même des flûtes :



Et si vous voulez voir la tête de Peter Pieters et entendre sa voix (ça vous donnera une petite idée de mon environnement auditif durant ce festival), ainsi que découvrir l'intérieur de la cathédrale de Malines, c'est ici :



♫♬♪

La deuxième pièce est d'un style tout à fait différent. Il s'agit donc de Courtly Masquing Ayres, n° 9 de John Adson

John Adson (1587-1640) est un compositeur anglais de l’époque élisabéthaine. Il passe quelques années en France où il est de 1604 à 1608 au service du duc de Lorraine Charles III, et retourne ensuite à Londres où il devient chanteur de rue. En 1629, il semble avoir rejoint la cour d'Angleterre. Quatre ans plus tard, il est mentionné comme musician in ordinary du consort d'instrumentistes (il joue de la flûte à bec et du cornet à bouquin) attaché à Charles Ier, dont il devient le professeur de musique en 1634. Son recueil d'airs à cinq voix Courtly Masquing Ayres (Airs pour les masques de la Cour) a été imprimé en 1621. Il s'agit du premier recueil connu à fournir des indications précises d'instrumentation.

Le masque est un genre théâtral très populaire en Angleterre aux XVIe et XVIIe siècles. Il trouve ses origines dans des spectacles anglais du Moyen Âge (mumming plays). C'est un spectacle baroque qui mêle tous les arts scéniques : musique et chant, danse, poésie, costumes, théâtre et même pyrotechnie. En Angleterre, les plus grands auteurs et musiciens ont contribué à ce type de spectacle. Le masque avait souvent un but politique, donnant l'occasion à des courtisans de louer leur souverain et renforçant la cohésion de la cour.

Voici une interprétation de l'air n°9 par l'ensemble brésilien Le Bizarre (d'ailleurs la vidéo l'est un peu aussi) :



Cette session était dirigée par Carine Rinkes, professeure de flûte à bec au conservatoire de Hasselt dans la Province du Limbourg.

mardi 28 août 2018

Blokfluitdagen 2018 - Jour 1 - Tutti

Attaquons donc la super série de l'été (finissant) avec le premier jour du festival, vendredi 24 août, et la première session d'ensemble qui regroupait dès 9 heures du matin tous les inscrits du jour.

Le premier challenge était déjà de décider quelle flûte jouer. Je n'avais emporté pour cette première fois que deux altos (la Boudreau et la Bernolin) et une soprano, malheureusement en plastique car ma soprano en bois est désaccordée et il faut que je la renvoie à Marie Hulsens pour révision. J'ai tout de même choisi la soprano car un coup d’œil à la partition alto m'avait dévoilé une série de notes très au-dessus de la portée, de celles qu'il faut jouer en bouchant le trou du bas et je n'étais pas sûre de pouvoir le faire en premier déchiffrage et au tempo. On ne découvre les partitions qu'au dernier moment, hormis une version "soprano light" qui nous avait été envoyée quelques jours auparavant. Pour un début, j'ai choisi la facilité et cette version light, qui comportait déjà pas mal de contretemps (et le contretemps n'est pas mon ami).

"Le calme avant la tempête"
(photo : page FB de Blokfluitdagen)

Comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, avant que nous arrivions les partitions sont déjà posées sur les chaises avec un carton de couleur permettant d'identifier la taille de flûte.

La pièce choisie était une œuvre contemporaine de Glen Shannon, "Suspicion".

Glen Shannon est un compositeur américain né en 1966. Il a découvert la flûte à bec en third grade (l'équivalent du CE2), pour laquelle il a montré des aptitudes naturelles. Il n'a cependant appris que plusieurs années après qu'il existait d'autres tailles de flûte que la soprano...  Il a commencé à composer à l'âge de 12 ans en imitant le style de Jean-Sébastien Bach dont il avait appris un certain nombre d'œuvres par cœur. Il a ensuite évolué vers un style plus personnel.


Une explication de la pièce en détail est disponible ici. Elle est écrite au départ pour 7 flûtes à bec : sopranino, soprano, alto, ténor, basse, grande basse, contrebasse. On peut bien sûr en ajouter mais Glen Shannon recommande de garder une seule sopranino (ça suffit largement !).

En voici une interprétation par un ensemble plus grand que 7 flûtes à bec, mais beaucoup plus petit que le nôtre !


Un tout petit bout de notre prestation est écoutable en vidéo sur la page FB de Blokfluitdagen (et je ne vous dirai pas où je suis !).

La direction est assurée par l'un des organisateurs du festival, Tom Beets, à l'énergie et à l'enthousiasme débordants. Il a aussi beaucoup d'humour mais malheureusement cette année, l'essentiel de ses plaisanteries m'a échappé...
Tom Beets est l'un des membres du Flanders Recorder Quartet, qui a malheureusement décidé de se dissoudre fin 2018.

lundi 27 août 2018

Blokfluitdagen 2018

Il y a quelques mois, j'appris grâce à une camarade de forum, flûtiste à bec, l'existence d'un festival annuel de flûte à bec à Malines en Belgique. J'ignorais totalement que cette merveille pût exister et, comble de bonheur, les dates coïncidaient avec la fin de mes vacances. Je me suis donc inscrite illico. J'en reviens juste... et c'était complètement génialissime.


Je vous fais dans cet article une présentation générale, et je détaillerai par la suite (super, j'ai mon inspiration pour une année entière !).

Malines - Mechelen
Ce festival : Blokfluitdagen (Les Journées de la Flûte à Bec) a donc lieu tous les ans depuis 29 ans le dernier week-end d'août, à Mechelen (Malines) en Belgique flamande. Malines est à environ 20 minutes de train de Bruxelles, qui est à 1 h 20 de Paris par le Thalys (quand on ne le rate pas, mais ceci est une autre histoire). Il dure trois jours et pour la modique somme de 60€ par jour pour une inscription avant le 30 avril (75€ après cette date), on a droit à 5 sessions de jeu d'ensemble de 75 minutes chacune, le repas de fin de journée (avec option végétarienne possible) et l'entrée gratuite au concert du soir, qui donne l'occasion d'écouter des ensembles fabuleux (sauf le dimanche où la journée se termine à 18h mais est aussi moins chère). On peut aussi participer à des ateliers sur des thèmes précis (qui remplacent alors deux sessions d'ensemble) et même à des master-classes. Cette année, il y avait 33 profs de flûte à bec pour assurer toutes ces sessions et ateliers ! Il y aussi des activités pour le luth et la viole de gambe, et depuis cette année la nickelharpa, qui se déroulent dans un lieu proche mais séparé.

Tout ceci se déroule essentiellement en néerlandais, mais pas de panique si vous êtes comme moi francophone. Le flûtiste à bec étant un être foncièrement sociable et sympathique, il y a toujours moyen de se faire dépanner. Je précisais au début de chaque session que je ne parlais que français ou anglais, ensuite d'une part l'intervenant traduisait les choses essentielles dans l'une ou l'autre langue, et d'autre part mes voisins (des voisines, en fait) m'assistaient tout au long de la séance. D'ailleurs, au bout de deux jours, je commençais à comprendre certaines choses par moi-même (drie maten rust !). Le côté frustrant est quand même que tous ces joyeux drilles passent leur temps à plaisanter et à rigoler et que j'ai malheureusement zappé l'essentiel de toutes ces bonnes blagues (mais pas toujours !). J'étais en outre accompagnée par mon amie de forum, qui en plus de m'héberger, m'a bien aidée à me familiariser à ce nouvel environnement.

Tutti - 2ème jour
Une journée-type commence donc à 9 heures par un jeu d'ensemble réunissant TOUS les participants, ce qui est quand même plutôt impressionnant.

De 10 heures 45 à midi, première session. Il y a trois niveaux (inférieur, moyen et supérieur) et pour les deux derniers, il y a plusieurs sessions proposées, avec différents styles de musique.
Le choix est parfois difficile ! 

Pause-déjeuner de midi à 13h30, ce qui permet à la faveur d'un pique-nique de découvrir la jolie ville ancienne et très flamande de Malines.

L'après-midi, encore trois sessions au choix : 13h30-14h45, 15h15-16h30, 17h-18h15. Autant dire qu'on finit la journée avec la tête comme une pastèque. J'ai personnellement déchiffré en deux jours plus de morceaux qu'en une année entière !

Repas vers 18h30, puis concert à 20 heures. Cette année nous avons pu entendre les excellents ensembles Odyssee et B-five.

Le samedi, il y a aussi quelques stands de marchands de flûtes à bec et de partitions. On peut aussi trouver des partitions et des cédés d'occasion, vendus au profit de l'organisation du festival.

Cette rencontre avec plus d'une centaine de flûtistes à bec était magique. Il existe donc un pays (au moins !) où l'on ne vous prend pas pour un collégien attardé qui fait joujou avec un bout de plastique troué, et ça, ça fait vraiment du bien !


La rétrospective complète :

Jour 1 - Tutti
Jour 1 - Session 1
Jour 1 - Session 2
Jour 1 - Session 3
Jour 1 - Session 4 #1
Jour 1 - Session 4 #2
Jour 1 - Le concert

Jour 2 - Tutti
Jour 2 - Session 1
Jour 2 - Session 2
Jour 2 - Session 3
Jour 2 - Session 4
Jour 2 - Le concert

mardi 14 août 2018

Revue de cédés (with recorder inside) - (2)

Je continue donc la présentation commencée ici.

4. Music for a While, improvisations on Henry Purcell (L'Arpeggiata)

C'est la plus grosse surprise du lot. Je pensais naïvement acquérir de l'archi-connu, une grosse valeur sûre. Pas du tout. Je ne connaissais pas l'ensemble l'Arpeggiata de Christina Pluhar, sinon j'aurais pu me douter qu'il y avait anguille sous roche, encore que le sous-titre "improvisations on Henry Purcell" et la mention de la présence d'un clarinettiste m'aient un peu mis la puce à l'oreille ("electric guitar" était caché sous l'étiquette). Mais Philippe Jaroussky, quand même.

Pour briser le suspense : le propos ici est d'explorer la musique de Purcell en mode impro jazz. J'étais très méfiante avant l'écoute, n'étant grande amatrice ni de jazz, ni de clarinette, et au final je suis plutôt très agréablement surprise.

L'Arpeggiata conserve la basse obstinée (ostinato) de Purcell comme ligne conductrice et comme base d'improvisation, avec des instruments anciens comme le théorbe, le cornet à bouquin, le violon baroque et la flûte à bec, mais aussi en guest star la clarinette de Gianluigi Trovesi. Sur certaines pièces, on reconnaît très bien en fil conducteur la mélodie d'origine, sur d'autres moins mais tout cela est très agréable à entendre. Pour citer Christina Pluhar, "[...] nous avions à cœur de souligner la modernité extraordinaire de la musique de Purcell en maintenant un mouvement constant entre les siècles dans les harmonies et les styles des improvisations." "Les lignes de basse et les mélodies composées par Purcell demeurent intactes, mais le style improvisé des instruments change soudain de siècle. Nos auditeurs se trouvent dans une salle de musique intemporelle."

J'ai choisi "One Charming Night", où l'on peut entendre les deux flûtistes à bec sur le même morceau. Il s'agit de Julien Martin et Marine Sablonnière.




Je sais que j'avais dit un extrait par cédé, mais là je ne résiste pas, c'est trop beau. La chanteuse est la soprano Raquel Andueza.

O let me weep (The Plaint)




5. Llibre Vermell de Montserrat (Jordi Savall - Hespérion XX)

Bon là pour le coup on est vraiment dans de l'archi-connu et j'en avais déjà parlé ici. Mais comme je ne peux plus remettre la main sur mon cédé de l'ensemble Obsidienne...

Llibre Vermell, Jordi Savall,... je n'ai pas grand chose de nouveau à en dire. Le Livre Vermeil est un manuscrit recouvert de velours rouge (pourquoi la jaquette du cédé est-elle verte ? ça me semble relever d'un esprit de contradiction particulièrement per...vert), datant d'environ 1400, retrouvé au Monastère de Montserrat en Catalogne espagnole, lieu de pélerinage marial. Ce recueil était une manière de fournir aux pèlerins des chants plus acceptables en ce lieu que l'excessive truculence des chants populaires ordinaires.


Comme je le disais précédemment, je ne sais pas quel genre de flûtes sont jouées, mais s'agissant de musique médiévale il y a de grandes chance qu'il s'agisse de flûtes à bec, je ne pense pas que le terme "flûte" ait été utilisé s'il s'agissait d'un instrument à anche comme le chalumeau. De toutes façons il faut tendre l'oreille pour les entendre...

Mon préféré est toujours Mariam Matrem Virginem, mais comme je vous l'ai déjà infligé (et par Jordi Savall en plus), on va changer un peu avec Cuncti Simus Concanentes : Ave Maria. Comme c'est une réédition d'un enregistrement d'Hespérion XX, la chanteuse soliste est Montserrat Figueras, l'épouse à la voix sublime de Jordi Savall, décédée en 2011.